20 millions de Français ont ouvert un Dossier Pharmaceutique
Selon le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, 20 millions de Français ont déjà ouvert un Dossier Pharmaceutique (DP), outil qui vise à favoriser la continuité des soins et la sécurité de la dispensation des médicaments. Le Dossier Pharmaceutique va être prochainement déployé dans les pharmacies hospitalières.
Le Dossier Pharmaceutique (DP), mis en oeuvre par le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP), rassemble, pour chaque bénéficiaire de l’assurance maladie qui le souhaite, tous les médicaments (prescrits ou conseillés par un pharmacien) qui lui ont été délivrés au cours des 4 derniers mois. Grâce au DP, le pharmacien peut vérifier que certains médicaments ne font pas double emploi ou qu’il n’y a pas de risque d’interactions dangereuses.
En avril 2012, l’Ordre des pharmaciens dénombre 21 600 officines équipées en métropole et dans les DOM, soit 94,5% (dont 6 départements couverts à 100%) ; 19 pharmacies expérimentales de facultés de pharmacie équipées.
Vingt millions de Français ont ouvert un DP (17% de ceux à qui le DP est proposé, refusent d’en ouvrir un), dont 3,3 millions de patients de moins de 16 ans et 6,1 millions de patients de 60 ans et plus. Ce qui représente 900 DP ouverts en moyenne par officine (en moyenne, une pharmacie dessert 2 800 habitants).
Depuis le démarrage, l’Ordre a dénombré un milliard de médicaments dispensés et inscrits dans les DP des patients, dont 50 millions de médicaments non remboursés . Le budget annuel du DP est d’environ 3,4 millions d’euros par an. En 2011, le coût a été de 0,19 € par dossier, soit -33% par rapport à l’année précédente.
70 000 modifications de traitement par an
L’Ordre dénombre 750 000 consultations quotidiennes dont 35% bénéficient d’un partage d’information entre officines ; 70% les jours de garde. Il estime aussi qu’en 2011 grâce au DP 810 000 modifications de traitement ont été réalisées. Par ailleurs, au cours du trimestre écoulé depuis la dernière vague de déremboursements survenue le 1er décembre 2011, 18 000 traitements ont été modifiés grâce au DP sur des médicaments non remboursés, soit un rythme estimé de 70 000 modifications de traitement par an sur des médicaments non remboursés .
Le Professeur Calop, missionné par l’Ordre en 2010, pour constituer un comité scientifique indépendant afin de « concevoir une méthodologie qui permette de vérifier avec des éléments de mesure si les objectifs du DP sont atteints », a rendu son rapport (disponible sur le site de l’Ordre). Deux études sous forme de thèses sont en cours. L’une porte sur « l’intérêt du DP dans l’iatrogénie médicamenteuse à l’officine », l’autre sur « la codification des problèmes pharmaceutiques et les propositions d’actions correctives couplées à l’utilisation du DP ».
Le DP dans les PUI : un grand pas pour la coordination ville-hôpital
Depuis le 29 décembre 2011, l’article L.1111-23 du Code de la santé publique prévoit que les pharmaciens exerçant dans une pharmacie à usage intérieur (PUI) peuvent dans les mêmes conditions que les pharmaciens d’officine consulter et alimenter le DP.
« C’est un grand pas pour la coordination ville-hôpital ! » indique Isabelle Adenot. Elle ajoute : « Aujourd’hui, les pharmaciens souffrent d’exercer dans deux espaces de santé cloisonnés. Demain, pour améliorer la sécurité des patients qui le désirent, les pharmaciens auront une vue globale de leurs traitements en cours. Le DP permet cette évolution majeure ».
Pour les patients qui le souhaiteront, les pharmacies hospitalières pourront partager l’information avec les officines de ville et réciproquement. Ce qui permettra de favoriser et sécuriser la prise en charge personnalisée du patient, de renforcer la coordination des soins entre ville et établissements de santé ou entre établissements de santé ; et de faire bénéficier les pharmaciens hospitaliers du même système de réception d’alertes sanitaires que les officinaux.
A ce jour l’Ordre a reçu plus de 150 candidatures spontanées d’établissements de santé français pour être raccordés au DP dès l’année 2012.
A titre expérimental : le DP accessible à certains médecins
Parce qu’il regroupe les médicaments de prescriptions médicales et de conseils pharmaceutiques (médication officinale), le DP est une source d’informations précieuses pour de nombreux professionnels hospitaliers notamment lors de la prise en charge d’un patient aux urgences ou en consultation pré-anesthésique et lors de l’accueil d’une personne âgée dans un service de gériatrie.
En vertu de la loi du 29 décembre 2011, une phase d’expérimentation conduite avec la DGOS sera donc lancée en 2012. Un décret doit prochainement fixer les conditions de l’expérimentation et de son évaluation.
Source : Ordre des pharmaciens