VIH/sida : la Cour des comptes souligne « la faiblesse et le manque de continuité » de la politique du ministère de la Santé
Selon le rapport annuel de la Cour des comptes, alors que le coût de la prise en charge sanitaire du VIH/sida a atteint en 2007 1,1 milliard d’euros, les dépenses publiques consacrées à la prévention et au dépistage ne s’élèvent qu’à 88 millions d’euros. La Cour dresse un bilan critique de la politique menée par le ministère de la Santé et estime que l’Etat doit renforcer son pilotage ainsi que les actions de prévention et de dépistage.
Plans de santé publique insuffisamment structurés, coordination insuffisante entre les différentes directions du ministère de la santé et entre les ministères… « Le pilotage de la politique de lutte contre le VIH/sida par le ministère de la santé se caractérise par sa faiblesse et son manque de continuité », estime la Cour des comptes dans son rapport 2010.
Pour le seul régime général de sécurité sociale, le coût de la prise en charge sanitaire des personnes inscrites à l’affection de longue durée « déficit immunitaire primitif a atteint 1,1 milliard d’euros en 2007, infection par le VIH ». La dépense moyenne par malade (12 800 € en 2007) s’accroît chaque année en raison de l’augmentation du coût moyen des traitements. Par comparaison, les dépenses publiques consacrées à la prévention et au dépistage du VIH ont un caractère marginal (environ 54 M€ pour la prévention et 34 M€ pour les consultations de dépistage anonyme et gratuit).
La Cour estime par ailleurs que « le ministère de la santé joue plus souvent le rôle d’un arbitre des débats entre associations que celui d’un décideur d’orientations publique ». Enfin, le ministère de la santé manquerait de visibilité sur les actions mises en oeuvre au niveau local par les associations, à partir des subventions que leur attribuent les structures publiques associant les services de l’Etat et l’assurance-maladie. « Parmi les actions des associations qui bénéficient de subventions publiques, un grand nombre n’ont pas une taille suffisante au regard de leurs cibles affichées ou potentielles », souligne le rapport.
La Cour des comptes estime par ailleurs que « La prévention demeure insuffisamment ciblée et active en direction des groupes de population les plus touchés (homosexuels et migrants) ». Elle constate ainsi la rareté des messages publics s’adressant aux personnes se sachant infectées par le VIH afin de les inciter à adopter des gestes de prévention envers leurs partenaires réguliers ou occasionnels et estime l’absence de réglementation sanitaire adaptée à l’activité des établissements de rencontres constitue un frein important au déploiement d’une prévention efficace.
De plus, la Cour estime que le dépistage du VIH est « insuffisamment étendu alors qu’un dépistage précoce conditionne l’efficacité des multithérapies et peut permettre l’adoption de gestes de prévention à l’égard des partenaires ». « Sans remettre en cause le caractère essentiellement volontaire de la démarche », elle recommande que des tests de dépistage soitent proposés à la fois à la population dans son ensemble et aux personnes relevant des groupes les plus exposés.
Enfin, compte tenu de la fréquence des co-infections par le VIH, les hépatites virales B et C et les autres infections sexuellement transmissibles, la Cour des comptes estime que les consultations de dépistage anonyme et gratuit (CDAG), chargées du dépistage du VIH, et les centres d’information, de dépistage et de diagnostic des infections sexuellement transmissibles (CIDDIST) ont vocation à être fusionnées.
Source : Rapport annuel de la Cour des Comptes / www.ccomptes.fr