Officine : les pharmaciens n’ont pas le moral
Selon une enquête réalisée par l’Institut Ipsos à l’occasion de l’ouverture de Pharmagora, le salon des pharmaciens à la porte de Versailles les 27,28 et 29 mars prochains, les pharmaciens se montrent très pessimistes pour l’avenir. Près de 20% d’entre eux considèrent qu’il y a une forte probabilité qu’ils soient obligés de cesser ou de céder leur activité d’ici les 5 prochaines années.
Pour l’année 2010, leurs perspectives sont très sombres : près de 4 pharmaciens sur 10 sont pessimistes sur le maintien de l’emploi dans leur pharmacie (39%) et sur leur situation face à la concurrence (38%). Ils se montrent surtout très majoritairement inquiets de l’évolution de leur marge bénéficiaire (87%), de la valeur patrimoniale de leur pharmacie (70%), de la croissance de leur activité (68%) et de la situation de leur trésorerie. Leur état d’esprit s’en ressent : ils éprouvent de l’inquiétude (58%), voire de la colère (31%) même si beaucoup restent motivés (48%).
La crainte des grandes surfaces
Près d’un pharmacien sur deux estime que les grandes surfaces vont bientôt pouvoir vendre des médicaments. Leur très fort pessimisme se nourrit très certainement pour une part des craintes qu’ils éprouvent vis-à-vis des grandes surfaces. 48% d’entre eux sont persuadés que d’ici 5 ans, la grande distribution aura l’autorisation de vendre des médicaments non remboursés (contre 45% qui pensent le contraire et 7% qui ne se prononcent pas).
Le refus des clients du générique en augmentation
La majorité des pharmaciens a le sentiment que la proportion de clients refusant le générique s’accroît d’une façon ou d’une autre. Les « nouveaux » comportements des clients participent aussi pour une part au malaise des pharmaciens. 58% d’entre eux affirment qu’ils sont de plus en plus confrontés à des clients leur présentant une ordonnance avec la mention « non substituable » (contre 35% qui estiment que la situation reste stable et 7% qu’ils le font de moins en moins). Le refus du générique en pharmacie semble aussi prendre de plus en plus d’importance: 43% des pharmaciens affirment que la proportion de clients refusant le générique qui leur est proposé est en augmentation (contre 14% qui estiment qu’il y en a de moins en moins et 43% qu’il n’y en a ni plus, ni moins qu’avant). Enfin, 30% des pharmaciens affirment que de plus en plus de clients exigent des médicaments qu’ils ont eux-mêmes choisis (contre seulement 5% qui considèrent qu’il y en a de moins en moins et 65% que leur proportion reste stable).
Les pharmaciens considèrent que les réformes mises en place ces dernières années vont les obliger à repenser leur profession. Plus de 8 pharmaciens sur 10 pensent qu’il va leur falloir modifier leur façon de penser leur métier et de gérer leur activité (83%). D’ailleurs, une majorité affirme bien comprendre ce vers quoi évolue leur métier (63%). Ils se montrent plus partagés sur la nécessité des réformes mises en place même si presque 6 pharmaciens sur 10 considèrent qu’elles étaient nécessaires pour la pérennité de la profession (58%). En revanche, seule une minorité estime que ces réformes vont leur ouvrir de nouvelles opportunités de croissance (31%).
Face à ces perspectives, 68% des pharmaciens estiment qu’il y a une probabilité importante pour qu’ils développent dans les 5 prochaines années de nouveaux services (comme le matériel ou l’aide à la personne). De même, 52% pensent qu’ils risquent d’être obligés de se spécialiser dans un domaine d’activité (herboristerie, puériculture, diététique…).
Des pharmaciens peu informés sur les dispositions prévues par la loi HPST et partagés quant à son utilité : si 9 pharmaciens sur 10 disent connaître la loi (90%), en réalité, seulement 27% d’entre eux avouent savoir assez précisément ce qu’elle propose. Les pharmaciens la connaissent donc mal. Une courte majorité d’entre eux considère toutefois qu’elle permettra de replacer les missions du pharmacien au coeur du système de santé (54% contre 40% qui soutiennent l’opinion inverse et 6% qui ne se prononcent pas).
Ce sondage a été réalisé auprès de 700 pharmaciens constituant un échantillon représentatif de cette population en termes de sexe, d’âge, de taille d’officine et de région, interrogés par téléphone du 11 au 15 janvier 2010. Les résultats de cette étude – véritable radioscopie de la profession – seront révélés sur le salon.
Source : Pharmagora