L’INCa lance un programme pour anticiper l’arrivée de nouvelles thérapies ciblées
L’Institut National du Cancer (INCa) lance un nouveau programme de soutien, à hauteur de 3 millions d’euros, aux 28 plateformes hospitalières de génétique moléculaire pour qu’elles détectent dès à présent en routine un panel de biomarqueurs déterminant l’accès aux thérapies ciblées prochainement disponibles pour les patients.
Les progrès dans la compréhension des mécanismes moléculaires impliqués dans le processus tumoral mettent en évidence la diversité des cancers et permettent d’identifier des cibles biologiques pour le développement de traitements spécifiques. Ainsi, la prescription des thérapies ciblées repose sur l’identification préalable de biomarqueurs permettant d’identifier les patients susceptibles d’en bénéficier.
Les 28 plateformes hospitalières de génétique moléculaire, soutenues par l’INCa et la DGOS, effectuent la détection des biomarqueurs déterminant l’accès aux thérapies ciblées pour l’ensemble des patients du territoire, quel que soit l’établissement dans lequel ils sont pris en charge. Ainsi, pour le cancer colorectal, seuls les patients avec une forme non mutée du gène KRAS sont susceptibles de bénéficier de deux traitements anti-EGFR. Pour le cancer du poumon, les patients avec une mutation activatrice du gène de l’EGFR (facteur de croissance épidermique) sont les plus susceptibles de bénéficier du traitement par deux inhibiteurs de l’EGFR. 18 000 tests KRAS ont été effectués en 2009 et 3 000 tests EGFR ont déjà été réalisés au cours du premier trimestre 2010 par les plateformes de génétique moléculaire.
Plusieurs thérapies ciblant d’autres altérations moléculaires sont en cours de développement clinique pour ces deux cancers et définissent ainsi un catalogue de biomarqueurs émergents dont la détermination sera très prochainement indispensable à la prise en charge des patients. Ainsi, le choix du traitement des patients sera orienté par le résultat de la détermination d’un panel de biomarqueurs spécifique à chaque localisation tumorale. Afin d’anticiper l’arrivée de ces nouvelles molécules, l’INCa met en place un programme de détection prospective de ces biomarqueurs émergents dans le cancer du poumon, dans le cancer colorectal et dans le mélanome.
Il s’agit, pour les 10 000 patients atteints d’un adénocarcinome du poumon chez lesquels la mutation de l’EGFR doit être cherchée chaque année, de rechercher aussi les mutations des gènes KRAS, BRAF et HER2, ainsi que la translocation du gène EML4-ALK. Dans le cancer colorectal, outre les mutations du gène KRAS, la mutation du gène BRAF et l’instabilité des microsatellites (MSI) seront aussi recherchées. Dans le mélanome, plusieurs thérapies ciblées sont en cours d’essais cliniques chez les patients porteurs de mutations des gènes BRAF ou cKIT et ont montré des résultats préliminaires encourageants.
Les résultats, présentés lors du récent congrès de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO) qui s’est tenu du 4 au 8 juin 2010 à Chicago, confirment la nécessité de ce programme de soutien aux plateformes, qui existe depuis 2006 sous l’impulsion de l’INCa. Les plateformes seront ainsi immédiatement opérationnelles le jour où des thérapies ciblées dirigées contre ces altérations seront disponibles pour les patients. Dans un premier temps, il permettra également d’identifier des patients éligibles aux essais cliniques de ces futures thérapies ciblées.
Source : INCa