L’eplerenone au cœur du traitement contre l’insuffisance cardiaque
Des chercheurs de l’Inserm au CHU de Nancy viennent de rendre publics les résultats d’un essai clinique qui visait à déterminer l’efficacité d’un traitement dans l’insuffisance cardiaque peu symptomatique. Chez les personnes traitées par eplerenone (molécule administrée en plus du traitement standard de l’insuffisance cardiaque) le risque de mortalité cardiovasculaire, de décès ou d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque est diminué de 37 % comparé aux personnes ayant reçu un placebo.
Les résultats de l’étude EMPHASIS-HF ont été communiqués au congrès de l’American Heart Association qui se tient en ce moment à Chicago et publiés simultanément par The New England Journal of Medicine.
Bien que plusieurs traitements efficaces soient disponibles, l’insuffisance cardiaque peut entraîner une baisse de la qualité de vie, avec notamment de fréquentes hospitalisations, et une diminution importante de l’espérance de vie. L’insuffisance cardiaque chronique est actuellement la seule pathologie cardiovasculaire dont l’incidence et la prévalence sont encore en augmentation du fait du vieillissement de la population, mais aussi d’une meilleure prise en charge des différentes maladies cardiovasculaires. On estime à 500 000 le nombre de patients insuffisants cardiaques en France. Ils représentent 150 000 hospitalisations/an, pour un séjour moyen de 10 jours.
Faiez Zannad coordinateur du Centre d’Investigation Clinique Inserm 9501, chercheur de l’Unité Mixte Inserm et Université Henri Poincaré de Nancy, U961 et cardiologue au CHU de Nancy, Professeur de Thérapeutique à Nancy université, a étudié l’avantage de l’utilisation d’un antagoniste du récepteur de l’aldostérone dans l’insuffisance cardiaque. La plupart des traitements existant sont basés sur l’administration de béta bloquants. Ces molécules agissent sur le cœur en diminuant son rythme et donc le travail qu’il doit fournir pour faire fonctionner l’organisme. L’éplérénone en ciblant les récepteurs de l’aldostérone bloque la fixation de l’aldostérone et produit un effet cardio-protecteur plus important.
Le 1er objectif de l’étude EMPHASIS-HF (Eplerone in mild patients hospitalization and survival study in heart failure) était d’évaluer l’efficacité et la sécurité de l’eplerenone (25-50 mg /j) en plus du traitement standard de l’insuffisance cardiaque. EMPHASIS-HF est une étude internationale de phase III (2,737 patients de 272 centres dans 29 pays). La moitié des patients ont reçu la molécule eplerenone tandis que l’autre recevait un placebo. En mai 2010, le recrutement de l’étude a été interrompu prématurément après que la 2è analyse intermédiaire a révélé des résultats très positifs en faveur de l’eplerenone.
Après un suivi de 21 mois, les chercheurs ont démontré une réduction de 37 % du risque de mortalité cardiovasculaire, de décès ou d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque chez les personnes traitées par Eplerenone en comparaison avec celles qui avaient reçu un placebo.
Pour Faiez Zannad « il est encourageant d’obtenir de tels résultats suffisamment robustes pour répondre aux critères d’interruption précoce. Les patients tels que ceux ayant participé à EMPHASIS-HF ont typiquement un mauvais pronostic et les résultats de ce jour devraient donc donner un vrai message d’espoir aux patients et à leurs médecins ».
La prescription de l’eplerenone est actuellement réservée en France aux patients présentant une insuffisance cardiaque et ayant subi récemment un infarctus du myocarde. Elle n’est pas autorisée à ce jour pour la population comparable à celle de l’étude EMPHASIS-HF.
Source : Inserm
« Eplerenone in patients with systolic heart failure and mild symptoms » ; Zannad, F; McMurray, J.J.V; et al. The New England Journal of Medicine 2010 (DOI : 10.1056/NEJMoa1009492)