Politique du médicament: Prescrire fait 57 propositions « pour redresser le cap »
La revue, qui participe aux Assises du médicament, a mis en ligne sur son site internet 57 propositions. Un ensemble de mesures dont Prescrire demande la mise en oeuvre pour protéger la population de futurs Mediator, et plus largement pour redresser le cap de la politique du médicament en priorité vers les besoins de santé des patients et la santé publique.
« Le désastre sanitaire du Mediator° (benfluorex) a montré l’ampleur de l’insuffisance de l’encadrement du marché du médicament, et la gravité de ses conséquences humaines », estime la revue sur son site Internet. En publiant ses propositions, Prescrire a souhaité donner « à tous l’occasion de s’approprier les termes du débat et de pouvoir juger les propositions à venir des Assises du médicament ». La revue précise que ces préconisations s’appuient sur l’expérience et l’analyse de son équipe au cours des 30 dernières années. Elles recoupent de nombreuses recommandations formulées en France par le rapport sénatorial de Mmes Hermange et Payet (2006) et le rapport de l’Assemblée nationale de Mme Lemorton (2008).
Parmi ses propositions, la revue demande des critères de mise sur le marché des médicaments « plus exigeants », avec des essais cliniques comparant le nouveau médicament aux médicaments existants, et non à un placebo. Autre suggestion, un financement public de la formation des professionnels de santé sur les médicaments, ainsi qu’un renforcement important de l’expertise interne des agences. Elle prône une « transparence générale des agences et autres institutions compétentes en matière de médicament », avec un contrôle des déclarations des liens d’intérêts, des sanctions éventuelles, la publication des opinions minoritaires, la mise en ligne des compte-rendus des réunions.
Concernant le volet de la pharmacovigilance, Prescrire propose d’encourager la notification des effets indésirables par les patients et de mettre un pictogramme sur les produits « sous surveillance particulière ». Les décisions de suspension ou de retrait d’autorisation de mise sur le marché doivent être prises « sans retard », afin que le doute bénéficie « au patient et non au médicament », souligne Prescrire.
La revue propose également de rendre la formation initiale des professionnels de santé « libre de l’influence des firmes », en développant la transparence des liens d’intérêt des enseignants et en offrant un « financement public suffisant » à l’enseignement et à la recherche. La formation continue doit être également sur financement public.
Prescrire suggère enfin de mettre à disposition du grand public une base d’information sur les médicaments commercialisés « exhaustive et gratuite ». Les contrats des soignants avec des firmes devraient être publiés en ligne.
Pour ce qui est des pharmaciens d’officine, la revue propose notamment une augmentation de leur mode de rémunération en échange d’une mission de conseil et d’accompagnement des patients.
Consulter les 57 propositions de Prescrire : http://www.prescrire.org/fr/3/31/46836/0/NewsDetails.aspx
Source : Prescrire et AFP