Résultats encourageants pour un protocole d’immunothérapie dans la leucémie lymphoïde chronique avancée
L’INCa rapporte les travaux d’une équipe américaine de l’Université de Pennsylvanie qui vient de publier dans le New England Journal of Medicine (1) et dans Science Translational Medicine (2) les résultats d’un nouveau protocole d’immunothérapie antitumorale dans la leucémie lymphoïde chronique avancée (LLC).
Dans un premier temps, des lymphocytes T autologues ont été prélevés puis modifiés génétiquement avec un lentivirus pour exprimer une protéine (Récepteur Chimérique à l’Antigène (Chimeric Antigen Receptors (CAR)) conçue pour se lier spécifiquement à une autre protéine appelée CD 19. Lorsqu’ils expriment la protéine CAR, ils s’attaquent spécifiquement aux cellules sur lesquelles la protéine CD19 est présente. Ce sont les cellules tumorales, mais aussi les lymphocytes B (des cellules normales du système immunitaire).
Ces lymphocytes T modifiés ont ensuite été réinjectés aux patients. Deux des trois patients ainsi traités pour une LLC avancée présentent une rémission complète depuis plus de dix mois, le troisième une rémission partielle.
Ces résultats, certes encourageants, montrent l’intérêt de ces lymphocytes T modifiés pour cibler spécifiquement les cellules cancéreuses : chaque CART 19 a détruit en effet plusieurs milliers de ces cellules. Par ailleurs, l’efficacité de la thérapie a été très rapide : les adénopathies n’étaient plus palpables trois semaines après l’introduction des lymphocytes modifiés et à J28, aucun signe de la maladie n’était identifiable dans la moelle osseuse. Ces résultats se maintenaient six mois après le traitement. Aucune toxicité aigüe n’a été observée.
Il faut cependant souligner deux limitations importantes à ces publications :
– Le nombre réduit de patients inclus dans l’étude ;
– On ignore la durée de la déplétion en lymphocytes B chez les patients traités avec ces lymphocytes modifiés. Or, les lymphocytes B sont essentiels à la lutte contre les infections.
Des travaux complémentaires sont donc nécessaires.
Les auteurs de ces travaux envisagent d’appliquer cette thérapie à d’autres affections malignes exprimant CD19, tels le lymphome non-hodgkinien et la leucémie aigue lymphoblastique. Ils envisagent également de l’utiliser dans les leucémies de l’enfant en échec des traitements classiques. Ils ont également élaboré un vecteur CAR qui se lie à la mésothéline, une protéine exprimée à la surface des cellules des mésothéliomes, des cancers de l’ovaire et du pancréas.
(1) David L. Porter, M.D., Bruce L. Levine, Ph.D., Michael Kalos, Ph.D., Adam Bagg, M.D., Carl H. June Chimeric Antigen Receptor–Modified T Cells in Chronic Lymphoid Leukemia. August 10, 2011. DOI: 10.1056/NEJMoa1103849
(2) M. Kalos, B. L. Levine, D. L. Porter, S. Katz, S. A. Grupp, A. Bagg, C. H. June, T Cells with Chimeric Antigen Receptors Have Potent Antitumor Effects and Can Establish Memory in Patients with Advanced Leukemia. Sci. Transl. Med. 3, 95ra73 (2011); DOI: 10.1126/scitranslmed.3002842
Source : INCa