Maladies animales exotiques: l’Anses entend renforcer la lutte
Fièvre aphteuse, influenza aviaire… Afin d’identifier les maladies exotiques les plus à risque d’introduction en France et de préciser les modalités de lutte et de surveillance les plus adaptées contre ces agents, l’Anses publie aujourd’hui ses recommandations. Parmi elles, la constitution de banques européennes de vaccins et l’anticipation du choix de fournisseurs potentiels pour les vaccins actuellement disponibles à l’étranger et répondant aux critères de la pharmacopée européenne.
La santé des animaux est susceptible d’être menacée par divers agents pathogènes (bactéries, virus, parasites) dont certains peuvent également affecter la santé humaine (agents zoonotiques). Parmi ces agents pathogènes, un certain nombre sont présents sur le territoire métropolitain, d’autres circulent hors du territoire et sont dits « exotiques ». A la faveur notamment de l’introduction d’animaux ou de denrées animales contaminées, ces agents exotiques sont susceptibles d’être introduits puis de s’implanter sur le territoire national.
En santé animale, les crises de la dernière décennie ont été liées à l’introduction en France d’agents pathogènes exotiques : fièvre aphteuse en 2001, influenza aviaire à virus H5N1 hautement pathogène en 2006, fièvre catarrhale ovine en 2007 et 2008, virus Schmallenberg en 2011-2012. Il est donc essentiel de disposer de systèmes de prévention, de détection et de lutte organisés et réactifs contre ces agents.
Dans ce contexte, l’Anses a souhaité s’autosaisir. Le but de ce travail était triple : identifier les maladies exotiques les plus à risque d’introduction en France, proposer les mesures de surveillance les plus adaptées pour détecter le plus précocement possible l’introduction de ces agents sur le territoire et indiquer les grands principes de lutte à mettre en œuvre pour prévenir l’introduction et la diffusion d’agents exotiques.
L’étude de l’Anses a porté sur les maladies des bovins, des petits ruminants, des porcs, des chevaux et des volailles. Les résultats de ces travaux sont publiés aujourd’hui.
Les agents pathogènes exotiques ont d’abord été classés en trois groupes, en fonction de la probabilité d’introduction et de diffusion sur le territoire métropolitain de ces agents et des conséquences qu’auraient une telle introduction et diffusion.
Soixante-deux maladies exotiques, transmissibles ou non à l’homme, ont ainsi été classées en trois groupes par importance de risque. La fièvre aphteuse et l’influenza aviaire hautement pathogène ont été classées comme présentant le risque le plus important. Pour les 21 premières maladies (soit les deux premiers groupes), un travail d’analyse sur les forces et les faiblesses des systèmes actuellement en place a été conduit et les marges d’amélioration ont été examinées, dans les domaines de la surveillance, de la prévention de l’introduction et de la prévention de la diffusion en cas d’introduction.
Recommandations de l’Anses
D’une manière générale, l’Anses a souligné la qualité du système de surveillance français reposant sur le tryptique services vétérinaires, vétérinaires praticiens et laboratoires (de référence et de diagnostic), système qui a démontré sa capacité à réagir rapidement et efficacement lors des dernières incursions de maladies exotiques (fièvre aphteuse en 2001, influenza aviaire hautement pathogène en 2006, fièvre catarrhale ovine (FCO) en 2007 et 2008, virus Schmallenberg en 2012).
Des propositions générales pour optimiser l’efficacité de la lutte contre les maladies exotiques ont été émises sur la base de l’état des lieux réalisé. Ainsi, l’Anses préconise des mesures telles qu’une meilleure centralisation des informations épidémiologiques internationales et leur mise à disposition en temps réel auprès des évaluateurs et des gestionnaires du risque ; le recensement et le géo-référencement des élevages, l’amélioration de l’identification et de la traçabilité des animaux, la désignation de Laboratoires Nationaux de Référence pour chacune des maladies listées, l’actualisation des plans d’urgence, et le renforcement de la biosécurité dans les élevages.
En matière de surveillance épidémiologique et de prévention de l’introduction d’agents pathogènes exotiques, l’Agence recommande notamment l’inclusion de messages spécifiques sur le site de conseil aux voyageurs du Ministère des affaires étrangères et européennes, ou l’harmonisation au plan européen des conditions sanitaires pour l’importation des animaux non domestiques, prévoyant des garanties sanitaires propres à chaque maladie.
Afin de prévenir la diffusion des agents infectieux exotiques, l’Anses recommande notamment la constitution de banques européennes de vaccins et l’anticipation du choix de fournisseurs potentiels pour les vaccins actuellement disponibles à l’étranger et répondant aux critères de la pharmacopée européenne, afin que ces fournisseurs puissent être sollicités rapidement en cas de nécessité de vaccination d’urgence. Enfin, dans le cadre de ces travaux, l’Anses a identifié des thématiques prioritaires de recherche et de développement aussi bien dans des domaines relativement fondamentaux comme la biologie des agents pathogènes et des vecteurs, les interactions entre les agents pathogènes et leurs hôtes, que sur des questions très appliquées telles que le développement de vaccins, d’outils et de méthodes de diagnostic, et la distribution géographique des vecteurs de ces agents pathogènes.
Pour en savoir plus
> Consulter l’avis et le rapport sur le site de l’Anses
Source : Anses