Diabète de type 2 et incrétinomimétiques : nouvelles données sur le risque pancréatique
L’ANSM a rapporté mercredi les résultats d’une étude, menée par un groupe indépendant de chercheurs académiques, qui suggèrent un risque augmenté d’effets indésirables pancréatiques chez les patients atteints de diabète de type II traités par les agonistes du récepteur du glucagon-like peptide 1 (GLP-1) et les inhibiteurs de la dipeptylpeptidase-4 (DPP-4), encore appelés incrétinomimétiques.
« Les résultats de cette étude sont en cours d’évaluation par les autorités de santé européennes. Dans l’attente des conclusions, les recommandations d’utilisation de ces médicaments restent inchangées et les patients ne doivent pas interrompre leur traitement », souligne l’agence dans un point d’information.
Les autorités de santé européennes évaluent actuellement les résultats d’une étude menée par un groupe de chercheurs académiques indépendants1 qui suggèrent une augmentation du risque de pancréatite (inflammation du pancréas) et de modifications cellulaires précancéreuses (appelées métaplasies des canaux pancréatiques), chez les patients présentant un diabète de type 2 (diabète non insulino-dépendant) traités par les agonistes du récepteur du glucagon-like peptide 1 (GLP-1) et les inhibiteurs de la dipeptylpeptidase-4 (DPP-4).
Ces médicaments, aussi appelés incrétinomimétiques, sont indiqués dans le traitement du diabète de type 2 en association aux règles hygiénodiététiques. Ils agissent de la même manière qu’une hormone de l’organisme appelée incrétine qui stimule la sécrétion d’insuline par le pancréas et permet ainsi de contrôler la glycémie. En France, les antidiabétiques concernés sont les médicaments contenant de l’exenatide (Byetta, Bydureon), de la liraglutide (Victoza), de la lixisenatide (Lyxumia), la sitagliptine (Efficib, Januvia, Janumet, Ristaben, Ristfor, Tesavel, Velmetia, Xelevia), la saxagliptine (Kombiglyze, Onglyza), la linagliptine (Jentadueto, Trajenta) et la vildagliptine (Eucreas, Galvus, Icandra, Jalra, Xiliarx, Zomarist)2 .
Compte-tenu du mécanisme d’action de ces médicaments et de la notification de rares cas de pancréatites depuis leur commercialisation, les effets pancréatiques ont déjà été identifiés comme un risque potentiel. Ainsi, des mises en garde pour les patients et les professionnels de santé figurent dans les RCP et la notice destinée aux patients. Par ailleurs, le plan de gestion des risques de ces médicaments comprend un suivi spécifique des effets pancréatiques.
Par conséquent, dans l’attente des conclusions de l’analyse européenne, les recommandations d’utilisation de ces médicaments ne sont pas modifiées. Les patients ne doivent pas arrêter leur traitement.
« Il est rappelé que dans le cadre des nouvelles recommandations sur le traitement médicamenteux du diabète de type 23 , la HAS et l’ANSM préconisent l’utilisation de ces nouvelles classes (inhibiteurs de la DPP-4 et analogues du GLP-1) comme des moyens thérapeutiques supplémentaires, notamment en cas d’échec ou de contre-indication aux thérapies dites traditionnelles », souligne l’agence.
Enfin, une collecte des données relatives à la sécurité des médicaments antidiabétiques est mise en œuvre, à travers l’Union Européenne. L’étude SAFEGUARD, financée par la Commission Européenne et menée par le réseau européen des centres de pharmacoépidémiologie et de pharmacovigilance (ENCePP), explore entre autres le risque de pancréatite médicamenteuse avec les incrétines autorisées avant 2011.
Source : Ansm
[1] L’étude a été réalisée à partir de l’examen d’un petit nombre d’échantillons de tissus pancréatiques, prélevés chez des donneurs d’organes présentant ou non un diabète et dont le décès résulte d’une autre cause que le diabète.
[2] Les médicaments de cette liste ont tous une autorisation de mise sur le marché en France mais ne sont pas tous actuellement commercialisés.
[3] Stratégie médicamenteuse du contrôle glycémique du diabète de type 2 – janvier 2013