Leem : pour Christian Lajoux, l’industrie pharmaceutique subit « une mutation totale »
Stagnation du marché du médicament remboursable en ville, prévisions sur 2009 en berne… Le modèle économique des blockbusters s’essoufle. Lors de la présentation de ses vœux, le président du Leem a estimé que le secteur traversait une crise « bien plus structurelle que conjoncturelle ».
« L’année qui vient de s’achever est sans précédent pour l’industrie pharmaceutique » a lancé Christian Lajoux en ouverture de ses vœux. En effet, après avoir progressé de 4,1% en 2007, le marché du médicament remboursable en ville a stagné en 2008, avec une croissance attendue entre 0,6% et 0,9% (les chiffres de décembre n’étant pas encore consolidés). Un taux inférieur au seuil de 1,4% (Objectif national des dépenses d’assurance maladie, Ondam), fixé par la loi de financement de la Sécurité sociale. « Cette quasi-stagnation du marché se trouve d’ailleurs partagée sur les autres grands marchés des pays développés (Etats Unis et Europe) », précise le président du Leem.
Impact de la maîtrise des dépenses de santé
En cause, selon les Entreprises du médicament, les actions de maîtrise des dépenses de santé, la promotion des génériques, la sévérité accrue de l’accès au marché et une médecine de plus en plus individualisée… Mais surtout le fruit d’un tassement des unités, notamment dans des grandes pathologies (antibiotiques, antihypertenseurs, antidiabétiques, psychoanaleptiques…). « Les actions de maîtrise médicalisée promues par la CNAMTS et probablement la franchise de 0,50 € par boite commencent à peser structurellement sur le marché », constate ainsi le Leem.
Vers 1% de croissance en 2009
Aussi, pour Chrisitian Lajoux, les prévisions de croissance pour 2009 ne laissent guère présager une amélioration rapide de cette situation. Les prévisions tablent sur une croissance du marché remboursable en ville de 1 % en 2009, pour une croissance globale du marché de 2 %. « Chiffres dont nous n’avons aucun motif de nous réjouir », précise le Leem.
Un secteur en « mutation totale »
Pour le Leem, la crise que traverse aujourd’hui l’industrie « est bien plus structurelle que conjoncturelle ». Essoufflement du modèle économique des blockbusters d’origine chimique fortement soutenu par une visite médicale auprès des généralistes, croissance du marché des génériques, essor des produits issus des biotechnologies (souvent d’administration hospitalière) et des produits d’automédication… »L’industrie n’est pas dans une crise, avec un début et une fin, mais dans une phase de mutation totale », souligne Christian Lajoux.
Faire face aux nouveaux besoins du marché
Par ailleurs le Leem constate que « les nouveaux produits ont des cibles thérapeutiques plus étroites, voire de niches tout en ayant souvent des coûts de développement aussi élevés que les anciens blockbusters ».
Aussi, selon les Entreprises du médicament, l’industrie doit opérer une mutation profonde pour faire face aux nouveaux besoins du marché. « En matière de production, la France, premier producteur européen de produits d’origine chimique (produits qui se trouvent être aujourd’hui en voie de générification) est trop peu présente dans les productions biotechnologiques. », regrette Christian Lajoux.