Vaccination : « faire face » aux rumeurs
Alors que débute la semaine européenne de la vaccination, les entreprises du Médicament publient une tribune de Serge Montero, Président du Comité Vaccins du LEEM. Ce dernier appelle les acteurs du monde de la santé, industrie compris, à se mobiliser pour informer et éduquer les populations afin de faire face aux rumeurs sur la vaccination.
« Rumeur contre réalité du vaccin : faire face ! »
« Depuis un siècle, le risque de mourir d’une maladie infectieuse en France a très fortement décru, contribuant ainsi largement à l’allongement de notre durée de vie. Nous devons cela essentiellement à l’assainissement de l’eau et la vaccination, qui nous ont éloigné des grands fléaux infectieux, causes de mortalité importante.
La variole a été éradiquée en 1977; la polio est aujourd’hui circonscrite à quelques pays; les cas de plusieurs maladies infectieuses (diphtérie, tétanos…) ont été réduits de plus de 90 % parmi les populations vaccinées. La recherche scientifique livre chaque jour de nouveaux espoirs de combattre des maladies qui mettent en danger des vies humaines. Et pourtant, le vaccin affronte aujourd’hui la bronca médiatique et son corollaire, la défiance.
Ne nous y trompons pas. Cette défiance n’est pas un fait nouveau. En 1802, 4 ans après l’introduction du premier vaccin (contre la variole) par Edward Jenner, les premiers mouvements anti-vaccin propageaient la rumeur selon laquelle toute personne à qui on inoculait le vaccin pouvait se transformer en vache ! A l’époque, l’éventualité de se métamorphoser en ruminant ne pesait pas lourd face au risque bien réel de la maladie. Aujourd’hui, alors que la peur des grandes maladies infectieuses a disparu, le bénéfice de la vaccination apparait moins tangible et la population se sent moins concernée.
En dépit de ces acquis incontestables ou peut-être à cause d’eux, le vaccin est frappé du syndrome de Frankenstein ou la peur de l’homme pour sa création. Ainsi en va-t-il du progrès scientifique : il suscite des craintes irrationnelles, des polémiques arbitraires, des contestations inconsidérées.
Ainsi en va-t-il du vaccin : la rumeur court sans preuve, attisée par certains groupes minoritaires et souvent adeptes de la théorie du complot, amplifiée par les média, propagée par les réseaux sociaux qui font facilement l’amalgame entre le scandale sanitaire et la part d’incertitude intrinsèque à toute science. La rumeur détruit parfois la confiance de façon irrémédiable.
Voilà pourquoi l’information sur le vaccin se doit d’être transparente, constante et scientifiquement irréprochable. Car seules l’intégrité et la rigueur scientifique les plus strictes peuvent faire barrage à la propagation de la rumeur et assurer un avenir à l’acte le plus fondamental que la médecine ait inventé : la prévention. Le vaccin est un produit de santé strictement surveillé par les autorités de santé nationales et internationales depuis son développement clinique (avant sa mise à disposition) et tout au long de sa vie.
Tous les acteurs du monde de la santé, industrie compris, doivent se mobiliser pour informer et éduquer les populations.
Autrement le prix à payer sera la résurgence de certaines maladies, qui auraient pu être évitées et ne le seront plus. En France, lors de l’épidémie de rougeole de 2008 – 2011, presque 5 000 patients furent hospitalisés et 10 décès furent à déplorer. En 2012, 46 personnes sont mortes de méningite à méningocoques, 36 ont gardé des séquelles graves. Chaque année, environ 1 000 femmes décèdent du cancer du col de l’utérus, 3 par jour, et 1 sur 2 a moins de 50 ans lors du diagnostic. Cependant, ces faits ne suffisent pas à apaiser les récentes remises en cause.
On se prend alors à rêver d’être Bill Gates et d’avoir la liberté pour clore cette polémique sur le vaccin de penser aux millions de morts de maladies infectieuses dans les pays en développement et de dire: « Il est totalement faux de dire que [les vaccins] ont tué des milliers d’enfants […] Et ce sont les personnes qui s’engagent dans ces efforts anti-vaccins – vous savez, qui tuent des enfants ».
Source : Leem