La contrefaçon de médicaments : un marché de 45 milliards de dollars
La contrefaçon de médicaments concerne aujourd’hui 10 % du marché mondial, soit près de 45 milliards de dollars. Dans certains pays d’Afrique, jusqu’à 50 % des médicaments disponibles sont contrefaits et entraînent de lourdes conséquences en terme de santé publique .
Le leem, qui représente les entreprises du médicament en France, fait le point sur lla contrefaçon : « un fléau dont les conséquences sur la santé publique peuvent être graves, voire dramatiques ». « Très rentable, cette activité déjà bien implantée dans les pays en développement gagne progressivement l’ensemble du marché pharmaceutique mondial. Compte tenu du caractère souvent occulte des circuits d’approvisionnement et de distribution, il est extrêmement difficile de donner une estimation exacte du volume des fraudes », précise le Leem. Ainsi, selon l’OMS, la contrefaçon de médicaments concernerait 6 % du marché mondial et 10 % selon la FDA. « Mais ces statistiques sont trompeuses, elles reflètent des situations très contrastées, il serait faux de globaliser ces chiffres. » souligne l’organisation patronale. Une certitude : le fléau ne sévit pas de la même façon selon les zones géographiques.
Des circuits internationaux
Dans les pays industrialisés, les conditionnements et formes galéniques sont très proches de celles du produit original. Les fraudeurs utilisent les faiblesses du système et une certaine dérégulation pour pénétrer un marché après avoir transité par plusieurs pays. La contrefaçon concerne le plus souvent des produits coûteux tels que les hormones, les corticoïdes, les antihistaminiques et ceux dits « de société ». Ainsi, le Viagra® du laboratoire Pfizer est le médicament le plus contrefait au monde. Selon la Fédération internationale de l’industrie du médicament (FIIM), la contrefaçon d’un blockbuster génère un bénéfice de 500 000 dollars pour un investissement initial de 1000 dollars.
Des conséquences graves sur la santé publique
Dans les pays en développement, les produits contrefaits de mauvaise qualité ont un réelle incidence sur la santé publique. En 2001, 38 % des 104 antipaludéens en vente dans les pharmacies de l’Asie du Sud-Est ne contenaient aucun principe actif. En 1995, des vaccins contre la méningite offerts au Niger par le Nigéria ne contenaient que de l’eau. L’absorption d’un sirop de paracétamol contre la toux préparé avec du diéthylène glycol, un produit toxique utilisé comme antigel, à la place du propylène glycol a ainsi provoqué la mort de 89 personnes en Haïti en 1995 et de 30 nourrissons en Inde en 1998. Ces produits se retrouvent vendus sur les étals de marché ou « pharmacies gazon » mais aussi parfois dans les pharmacies ou les hôpitaux. Les produits concernés sont ceux destinés à traiter des affections potentiellement mortelles telles que le paludisme, le VIH/SIDA, ainsi que les antibiotiques, les analgésiques, les antiparasitaires, les produits sanguins…
Des solutions technologiques
Selon le Leem, « ll est difficile de se défendre contre cette activité criminelle organisée, qui utilise tous les vecteurs à sa disposition. L’industrie recherche aujourd’hui des solutions technologiques visant à garantir la traçabilité des produits et travaille avec les pharmaciens pour sécuriser la distribution. » A titre d’exemple, l’année dernière, un premier laboratoire anti-contrefaçon a été inauguré en France à Tours . Ce dernier analyse les produits et répertorie toutes les suspicions de faux médicaments.
Source : Leem