France Biotech dévoile le Panorama France HealthTech 2024
France Biotech, l’association des entrepreneurs de l’innovation en santé, présente la 22ème édition du « Panorama France HealthTech », étude réalisée en collaboration avec Banque Populaire, Bpifrance, la banque publique d’investissement, Euronext, première bourse paneuropéenne, EY, leader mondial de l’audit, du conseil, de la fiscalité et du droit, des transactions et Howden, courtier et leader mondial européen en assurance. Cette étude a été réalisée avec le soutien du réseau des pôles de compétitivité et clusters en santé français. Elle met en lumière les grandes évolutions du secteur HealthTech en France.
Pour Frédéric Girard, président de France Biotech :« En dépit d’un contexte économique incertain, la filière continue d’afficher une croissance solide et de jouer un rôle clé dans l’innovation en santé. La HealthTech française est l’un des secteurs les plus innovants, compétitifs d’Europe. Néanmoins, nous devons consolider cet écosystème par des actions concrètes en matière de financement, de réglementation et d’accès au marché pour maintenir cette dynamique et maximiser l’impact de l’innovation sur les patients ».
Un écosystème entrepreneurial diversifié et en croissance
Le secteur HealthTech français compte environ 2700 entreprises, en biotechnologies, dispositifs médicaux (medtech) et santé numérique/IA.
Ces entreprises, soutenues par un écosystème de recherche solide, ont généré un chiffre d’affaires d’1,7 milliard d’euros en 2023 (+21 % par rapport à 2022) soit une moyenne de 3,9 M€ par entreprise. Cependant, le contexte économique reste difficile avec une augmentation du nombre de défaillances d’entreprises enregistrées en 2024 (44 sur 88 créées en 2024), contre 39 l’année précédente.
Investissements en R&D : une reprise soutenue
Les dépenses de R&D du secteur ont atteint 1,4 milliard d’euros en 2023, soit une hausse de 10 % par rapport à 2022. Les entreprises de biotechnologie y concentrent 60% de leurs dépenses et 40% de leurs effectifs en moyenne, tandis que les medtech connaissent une progression record (+85 % des montants moyens investis entre 2022 et 2023).
L’emploi dans la filière HealthTech : des perspectives contrastées
La HealthTech génère 75 600 emplois en France, dont près de 14 000 emplois directs dans les entreprises étudiées. Si 64 % des entreprises ont recruté en 2024, elles ont également été plus nombreuses à procéder à des licenciements (14 % contre 11 % en 2023) ou à reporter leurs recrutements. Cependant, les perspectives pour 2025 restent positives avec 2 000 recrutements prévus, majoritairement pour les fonctions de R&D, de production et de commercialisation.
En medtech, 50 % des produits sont déjà commercialisés ou en cours d’enregistrement, mais les nouvelles exigences du règlement européen MDR ralentissent leur progression. À noter que 77 % des entreprises du secteur ont recruté en 2024, principalement dans les fonctions réglementaires ou en R&D..
Santé numérique : un secteur dynamique mais en quête de stabilité et de prédictibilité économique
Avec près de 450 sociétés actives en 2024, le secteur de la santé numérique et de l’intelligence artificielle (IA) est dynamique. 76 % de ces entreprises disposent déjà de produits commercialisés, dont 57 % intègrent de l’IA. Toutefois, les entrepreneurs font face à des défis majeurs : le financement, l’accès au marché et la commercialisation restent des préoccupations centrales. La difficulté d’identifier un modèle d’affaires prévisible et durable demeure au cœur des enjeux, les achats hospitaliers et industriels (pharma, biotech, CRO…) étant les principaux modèles commerciaux recherchés.
En parallèle, les sociétés de TechBio, spécialisées dans l’accélération de la découverte de médicaments grâce à l’IA sont en plein essor. Cette filière compte une vingtaine d’entreprises françaises qui développent en majorité des actifs propriétaires. L’accès aux données de santé publiques françaises demeure essentiel pour leur déploiement et leur croissance.
Les préoccupations des entrepreneurs en 2024 : le financement en tête
Face à un environnement économique tendu, 68 % des entreprises du secteur HealthTech se disent directement affectées par le contexte actuel, (+8 points par rapport à 2023). Le financement reste la première préoccupation des entrepreneurs, avec 50% des sociétés anticipant des difficultés de refinancement, une crainte particulièrement présente chez les biotechs (63 %). L’augmentation des prix des prestataires, des matières premières, et la baisse des budgets des clients, constituent également des freins au développement selon les entreprises.
Les difficultés ressenties pour lever des fonds ont entraîné des répercussions sur le niveau de trésorerie des entreprises. Ainsi, en fin d’année 2024, 39 % d’entre elles faisaient encore face à des problèmes de trésorerie, un niveau équivalent à celui de l’année précédente. Malgré ces obstacles, les entrepreneurs restent mobilisés pour pérenniser leurs activités dans un climat économique marqué par l’incertitude.
Des dispositifs fiscaux essentiels pour soutenir l’innovation
Le Crédit Impôt Recherche (CIR) et le statut de Jeune Entreprise Innovante (JEI) sont des piliers incontournables pour les entreprises du secteur HealthTech. Près de 86 % des entreprises bénéficient du CIR, qui couvre en moyenne 10 à 20 % de leurs dépenses d’exploitation. Si l’accès à ce dispositif reste globalement fluide, la satisfaction concernant les délais de remboursement diminue depuis trois ans. Par ailleurs, 57 % des entreprises sont éligibles au statut de JEI, un atout crucial pour alléger leurs charges et soutenir leurs investissements en R&D. Ces dispositifs constituent un levier majeur pour maintenir la compétitivité et l’attractivité de l’écosystème français.
Une dynamique partenariale forte en Europe et en France
Le secteur HealthTech européen connaît une reprise des partenariats stratégiques depuis un an, atteignant un montant record de 100 milliards de dollars en 2024 pour plus de 2100 accords conclus depuis 2020. Si le Royaume-Uni domine le podium avec 22 % des opérations, suivi de l’Allemagne et de la Suisse, la France se hisse à la 4ème place en Europe, représentant 13 % des accords.
Après un ralentissement en 2023, les acteurs biotechnologiques et pharmaceutiques français ont signé une soixantaine de nouveaux partenariats en 2024, totalisant 16 milliards de dollars. Les opérations de licensing restent prépondérantes, avec une hausse notable des montants de paiements initiaux depuis 2021. Les petites molécules dominent les accords réalisés, suivi des anticorps monoclonaux et bi-clonaux ainsi que des vaccins.
Par ailleurs, 48 % des entreprises envisagent le M&A comme stratégie de croissance, tandis que le co-développement et les accords de licensing sont en forte progression.
Un fort soutien de Bpifrance en 2024 pour l’écosystème HealthTech
Depuis 2021, Bpifrance a injecté près de 5,5 milliards d’euros de financement dans la filière HealthTech, dont 2,3 milliards de financement public via le plan France 2030, piloté sur le volet santé, par l’Agence de l’innovation en santé. En 2024, ce sont 1,25 milliard d’euros supplémentaires qui ont été mobilisés, avec une attention particulière portée à l’intelligence artificielle et aux outils numériques, qui transforment les parcours de soins et accélèrent le développement de thérapies innovantes.
Paul-François Fournier, directeur exécutif Innovation de Bpifrance, précise : « Ces financements s’inscrivent dans une dynamique de réindustrialisation visant à renforcer l’autonomie et la compétitivité de notre secteur de santé. En parallèle, nous travaillons sur la transformation des pratiques d’achat public d’innovations. Cela se traduit notamment par la signature d’un accord avec Resah, la centrale d’achat spécialisée en innovation, et l’insertion d’hôpitaux au programme Direction Achat pour l’Innovation (DAPI) de Bpifrance. Ces initiatives sont essentielles pour faciliter l’accès au marché des technologies de santé et soutenir l’émergence d’acteurs innovants sur le territoire national ».
Levées de fonds en hausse en 2024 aux Etats-Unis et en Europe
Aux États-Unis et en Europe, les levées de fonds incluant capital-risque et introductions en bourse atteignent 37,6 milliards d’euros, marquant une hausse de +58 % par rapport à 2023. L’Europe contribue à cette dynamique avec 8,4 milliards d’euros (+52%,). Un montant qui, en rajoutant les refinancements passent à 14,7 milliards d’euros (+26%), soit 6,3 milliards d’euros issus des refinancements sur les marchés boursiers et 8,2 milliards d’euros issus du capital-risque, en croissance de 60%
La France, bien positionnée en Europe : un dynamisme principalement soutenu par les levées secondaires
La France se positionne 2ème en Europe derrière le Royaume-Uni en montants levés cumulés depuis 2022, confirmant son attractivité au niveau européen. Avec des opérations plus nombreuses (134 vs. 112 soit + 20 %) et des tickets plus importants (+ 23 % toutes opérations confondues), le niveau des financements des Healthtech françaises atteint 2,6 Mds€ en 2024 soit une hausse de 47 % par rapport à 2023. Cependant, 1,7 milliard d’euros ont été levés en refinancements boursiers, dont une opération majeure évaluée à 1,2 milliard d’euros.
« Si les chiffres affichent une belle progression, avec une hausse de 47 % des financements et un nombre d’opérations en augmentation de 20 %, cette croissance est en partie due à un refinancement exceptionnel d’une seule société. Sans cette opération, la situation est plus nuancée : les montants levés restent proches de ceux de 2023 et les tickets moyens diminuent de 30 %, révélant les difficultés croissantes des HealthTech françaises à se financer. L’absence d’introduction en bourse accentue cette tendance.. » conclut Cédric Garcia, associé chez EY.
Pour Guillaume Morelli, directeur des activités de cotation France et péninsule ibérique chez Euronext, « En 2024, deux tendances principales se sont démarquées : une augmentation du nombre de financements pour les entreprises cotées, particulièrement concentrés sur les plus matures, et la signature de partenariats d’envergure entre biotechs, et medtechs cotées, et les grandes entreprises du secteur. Pour poursuive le soutien aux nouveaux champions de la Healthtech en Europe, il est crucial d’augmenter les financements de long terme disponibles pour l’ensemble des acteurs du non coté au coté ».
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Source : France Biotech