Alerte sur les effets des nouveaux anticoagulants oraux
Le Syndicat des Jeunes Biologistes Médicaux, dans une lettre adressée à la ministre de la santé, met en garde contre l’utilisation des nouveaux anticoagulants oraux (NACOs) en remplacement des antivitamines K (AVKs) dans la prévention des maladies thrombo-emboliques. Selon eux, l’absence d’antidote en cas d’hémorragie fait de ces molécules « une bombe à retardement ».
Les nouveaux anticoagulants oraux (NACOs) sont des médicaments luttant contre la formation des caillots de sang , proposés en remplacement des antivitamines K (AVKs). Les AVKs peuvent provoquer de graves hémorragies (4000 morts par an en France, enquête AFSSAPS 1998) et nécessitent de ce fait un suivi contraignant, par la réalisation de tests sanguins fréquents (TP-INR), afin d’en surveiller l’efficacité. Les NACOs ont été développés afin d’offrir le même bénéfice (éviter la formation de caillots de sang), tout en autorisant plus de liberté aux prescripteurs et in fine aux patients, car ne nécessitant (théoriquement) pas de suivi biologique au long cours.
Néanmoins, le syndicat souligne que les NACOs entraînent les mêmes effets secondaires graves (hémorragies sévères, voire mortelles) que les AVK, avec toutefois une différence de taille : « il n’existe pas d’antidote permettant, d’en neutraliser l’effet en cas d’hémorragie », pointent-ils. Si la communauté médicale dispose de protocoles éprouvés pour la prise en charge des saignements entraînés par les AVKs (reposant notamment sur l’administration de vitamine K qui en est l’antidote), les NACOs ne disposent d’aucun test biologique ou traitement accessible en urgence », mettent en avant les biologistes.
Autre point soulevé, le coût de ces NACOs. « Le coût mensuel du traitement par NACOs est de 76 € à comparer aux 12.5 € en moyenne pour les AVKs, —surveillance biologique incluse— », constate le syndicat.
Dans un courrier adressé le 12 septembre dernier aux professionnels de santé, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a mis en garde les prescripteurs sur les facteurs de risques hémorragiques liés à ces nouveaux anticoagulants oraux Eliquis (apixaban), Pradaxa (dabigatran), Xarelto (rivaroxaban)
L’agence a ainsi rappelé « qu’il est essentiel d’utiliser ces médicaments dans le strict cadre des conditions de l’Autorisation de Mise sur le Marché, en respectant notamment les indications thérapeutiques, les posologies, les contre-indications, les mises en garde et précautions d’emploi ainsi que les interactions médicamenteuses ».