Alzheimer : une étude promue par l’AP-HP identifie un rôle protecteur précoce du système immunitaire
Pour la première fois chez l’homme, une étude d’imagerie montre un rôle précoce et protecteur des cellules immunitaires du cerveau, dites « cellules microgliales », dans la maladie d’Alzheimer. Cette découverte ouvre de nouvelles pistes thérapeutiques pour ralentir, voire empêcher, la progression de la maladie. Ces travaux, issus de l’étude IMABio3* promue par l’AP-HP, ont été publiés le mercredi 16 mars dans la revue Brain.
Les équipes du Centre hospitalier Sainte-Anne, du CEA, du centre de recherche Saint-Antoine, de l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière (Inserm/CNRS/UPMC) et des chercheurs de Roche ont analysé, auprès de 96 sujets, l’activité microgliale grâce à l’utilisation d’un traceur de nouvelle génération en Tomographie par Emission de Positon (TEP) au Service Hospitalier Frédéric Joliot (Orsay, 91). En parallèle, les plaques amyloïdes ont été quantifiées par imagerie cérébrale chez ces mêmes patients.
Les résultats montrent, non seulement, que l’activation des cellules microgliales est associée à la présence des plaques amyloïdes, mais également qu’elle est d’autant plus importante que la maladie est à un stade précoce. Afin de mesurer son impact sur l’évolution des symptômes, les patients ont été suivis pendant deux ans. Ceux dont l’activité microgliale était initialement élevée sont restés globalement stables cliniquement, alors que les patients qui présentaient une faible activité microgliale initiale ont évolué défavorablement vers un déclin de l’autonomie. Ceci suggère un rôle protecteur de la réaction inflammatoire microgliale sur l’évolution de la maladie.
De plus, ce mécanisme semble apparaître au stade préclinique, puisque l’activation des cellules microgliales a été observée chez les sujets asymptomatiques à risque de maladie d’Alzheimer (c’est-à-dire dont la présence de plaques amyloïdes a été observée mais sans effet sur la santé). Cependant, à un certain stade, lorsque la maladie évolue, l’inflammation pourrait « s’emballer » devenant alors délétère.
Cette étude, la première de cette ampleur jamais réalisée chez l’homme avec cette technique innovante d’imagerie cérébrale, montre le rôle bénéfique et protecteur du système immunitaire au cours des stades précoces de la maladie d’Alzheimer. Elle souligne l’importance de diagnostiquer la maladie au plus tôt et ouvre de nouvelles perspectives thérapeutiques pour ralentir, voire empêcher son évolution.
Article :
Early and protective microglial activation in Alzheimer’s Disease. A prospective study using [18F]DPA-714 PET imaging. Publié dans BRAIN. Lorraine Hamelin, Julien Lagarde, Guillaume Dorothée, Claire Leroy, Mickael Labit, Robert A. Comley, Leonardo Cruz de Souza, Helene Corne, Luce Dauphinot, Maxime Bertoux, Bruno Dubois, Philippe Gervais, Olivier Colliot, Marie Claude Potier, Michel Bottlaender, Marie Sarazin and the Clinical IMABio3.
* L’étude IMABio3, qui porte sur le rôle des réactions inflammatoires et immunitaires anti-amyloïdes centrales et périphériques dans la maladie d’Alzheimer débutante, est cofinancée par l’Institut Roche de Recherche et de Médecine Translationnelle et le Ministère de la santé, dans le cadre d’un programme hospitalier de recherche clinique 2010. Elle est promue par l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris et s’achèvera en 2017.
Source : AP-HP