Assurance-maladie: à quelle sauce les laboratoires pharmaceutiques seront-ils mangés?
Le LIR (l’association des « Laboratoires internationaux de recherche », qui regroupe les principaux laboratoires pharmaceutiques étrangers en France) n’est pas disposé à « passer à la caisse ». Le prochain PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité Sociale) doit en effet être adopté le 14 octobre en Conseil des ministres.
Les mesures de financement sont donc en cours d’arbitrage et les industriels du LIR n’ont pas l’intention de se laisser « plumer » pour renflouer la trésorerie de l’assurance maladie. Une habitude en effet populaire mais pas aussi pertinente qu’il y paraît.
Dans un entretien accordé au Quotidien du Médecin du lundi 28 septembre, le président du LIR , Dominique Amory (également président de Lilly France), estime que « depuis quatre ou cinq ans, l’industrie a déjà largement contribué aux efforts financiers en vue de redresser les comptes de l’assurance-maladie ». De 2005 à 2007, les économies sur le médicament ont rapporté plus de 3 milliards d’euros à l’assurance maladie, rappelle-t-il. « Et l’année 2008 a encore obligé ce secteur à mettre la main au porte-monnaie ». Les économies réalisées l’an passé s’élèvent à quelque 875 millions d’euros. Au LIR, on juge que la taxation spécifique qui pèse sur l’industrie pharmaceutique a encore alourdi la facture de 822 millions d’euros supplémentaires.
« Ajouter des mesures nouvelles serait dangereux et inutile, estime Dominique Amory, d’autant que la santé est un des moteurs de la croissance économique. Si on taxe encore, il n’y aura plus d’argent pour la recherche ». Le patron du LIR estime que l’industrie pharmaceutique est désormais « en état de survie ». « Il n’y a qu’à regarder la multiplication des plans sociaux pour s’en rendre compte », précise-t-il. Selon Dominique Amory, « le casus belli serait qu’on nous impose des TFR par classe thérapeutique », c’est-à-dire l’instauration d’un prix de référence par classe thérapeutique, une mesure adoptée par l’Allemagne, qui avait provoqué une levée de boucliers dans l’industrie pharmaceutique. Connu sous le nom de système « Jumbo », il consiste à rembourser à tarif unique toutes les spécialités d’une même classe thérapeutique.
De toute évidence, le patron du LIR a quelque peu brûlé la politesse au Leem (Les Entreprises du Médicament) qui regroupe la plupart des industriels du secteur pharmaceutique : le Leem pense à peu de choses près la même chose, mais n’éprouve pas le besoin de le faire savoir, au moins tant que les décisions ne sont pas à peu près arrêtées. Les industriels savent bien qu’il leur faudra encore ouvrir leur porte-monnaie, au nom de la fameuse « contribution exceptionnelle » (qui n’a plus rien d’exceptionnel) ne serait-ce que pour financer tout ou partie le plan de lutte contre la grippe A/H1N1. Le Conseil stratégique des industries de santé (CSIS) que le Leem appelait d’ailleurs de ses vœux depuis fort longtemps, dont la réunion est prévue fin octobre, ne manquera pas de sujets pour alimenter son ordre du jour. Officiellement, ce CSIS devrait annoncer des mesures de soutien à l’industrie : il est d’autant plus attendu que Nicolas Sarkozy -qui le présidera- ne s’est jamais montré avare de promesses à l’égard des industriels.
Hervé Karleskind
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