Baisse de la vaccination en France malgré les mesures des autorités de santé
Selon les chiffres publiés par IMS Health, la forte baisse des ventes de vaccins en France en 2012 concerne à des degrés divers pratiquement toutes les catégories de vaccins y compris les vaccins pédiatriques : ‐6,5% pour l’hépatite B, ‐26% pour le méningocoque, ‐2% pour le pneumocoque, ‐8% pour le tétanos et ‐1,6% pour les associations incluant une valence antitétanique, ‐23% pour la typhoïde, ‐40% pour les vaccins contre la rougeole, -‐33% pour la rubéole et ‐11% pour les associations ROR (Rougeole, Oreillon, Rubéole).
Entre 2008 et 2012, les chiffres révélaient déjà une baisse de 12% du marché des vaccins en unités et de 30% en valeur. Ainsi, la baisse générale observée en 2012 prolonge une tendance antérieure bien établie.
Une couverture vaccinale qui ne progresse pas malgré les mesures des autorités de santé
Dans le cas du vaccin antigrippal, le marché a globalement perdu près de 2 millions d’unités entre 2008 et 2012 passant de 10 à 8 millions de boîtes, soit une baisse de 20%. « Cette baisse est intervenue essentiellement entre 2008 et 2009, année marquée par les controverses à propos de la grippe A (H1N1) mais s’est maintenue et n’a pas été compensée les années suivantes », explique Robert Chu, Président d’IMS Health. Pourtant, malgré les mesures prises par les autorités pour relancer la couverture vaccinale des personnes âgées, les ventes sont restées globalement stables sur le dernier trimestre 2012 par rapport au dernier trimestre 2011.
Ainsi, les recommandations vaccinales récentes des autorités de santé ne semblent pas s’être traduites dans les faits.
Ainsi, le Contrat d’Amélioration des Pratiques Individuelles (CAPI), signé entre les syndicats de médecins et les caisses d’assurance‐maladie qui fixait un objectif de 75% de personnes âgées vaccinées contre la grippe, semble avoir eu un impact faible ou nul. « L’année 2012 a été marquée par une importante surmortalité hivernale par rapport à 2011 (+25.000 décès supplémentaires), il sera nécessaire d’effectuer des analyses fines de la mortalité par classe d’âge et par cause pour déterminer s’il existe un lien de causalité avec le recul de la vaccination. » commente le Pr Claude Le Pen, économiste de la santé et consultant d’IMS Health.
De même, l’avis du Haut Conseil de la Santé Publique de mars 2011 qui recommandait d’administrer deux doses de vaccin trivalent (Rougeole, Oreillon et Rubéole) aux personnes nées entre 1980 et 1991, soit plus de 6 millions de personnes n’a pas été suivi d’effets.
Une baisse conditionnée par un climat de défiance général susceptible d’entraîner une résurgence de maladies
« Si certaines baisses de vaccins trouvent des explications techniques comme l’arrêt de la production du vaccin contre la rubéole ou bien encore les difficultés d’approvisionnement des vaccins contre la typhoïde en 2012, cela n’explique pas tout », précise Robert Chu.
Ces cas particuliers ne sauraient justifier à eux seuls l’ampleur et la généralité de ce phénomène. Ce recul est surtout lié à un climat de défiance vis‐à‐vis du médicament qui s’est développé en France ces dernières années, notamment en ce qui concerne la politique vaccinale et particulièrement pour les vaccins HPV, les vaccins grippe et les vaccins méningocoque.
Certains mouvements sociétaux sur les risques éventuels posés par la vaccination sont largement entretenus par les médias. « C’est un fait normal et attendu car au fil du temps, la vaccination a un impact sur les maladies sévères qui disparaissent du conscient collectif et deviennent « invisibles ». La population perd la notion de la dangerosité de ces maladies qui ne semblent plus menaçantes », explique le Pr Emmanuel Grimprel, pédiatre et infectiologue à l’hôpital Armand Trousseau (Paris).
Le Pr Emmanuel Grimprel relève « qu’aujourd’hui nous assistons à des débats irrationnels, différents dans chaque pays, sur les effets secondaires des vaccins qui sont délétères. Ces polémiques conduisent à faire baisser brutalement la couverture vaccinale de la population, et posent effectivement un risque de résurgences des maladies en question. Il faut informer dans la transparence sur les bénéfices et les risques objectifs de la vaccination. »
« Le nouveau calendrier vaccinal, qui sera publié en avril 2013, devra comporter des mesures concrètes et s’inscrire dans le Programme national d’amélioration de la politique vaccinale 2012-‐2017 lancé par la Direction Générale de la Santé en 2011 pour restaurer la confiance des Français. » ajoute le Pr Claude Le Pen.
Source : IMS Health