COVID-19 : le CEPI finance le développement d’un vaccin contre SARS-CoV-2, projet porté par l’Institut Pasteur
Le 19 mars 2020, le CEPI (Coalition for Epidemic Preparedness Innovations) a annoncé le financement d’un montant de 4,3 millions d’€ du projet de développement d’un vaccin contre le SRAS-CoV-2 émergent. Ce projet, porté par l’Institut Pasteur dans le cadre d’un consortium avec Themis et l’université de Pittsburgh / Center for Vaccine Research (CVR), est fondé sur l’utilisation du vaccin contre la rougeole comme vecteur de ce candidat vaccin.
Le 30 janvier 2020, la CEPI a lancé un appel à projets international portant sur le financement de technologies vaccinales éprouvées dans l’objectif de mettre au point une réponse rapide contre le nouveau coronavirus. Dans les jours qui ont suivi cette annonce l’Institut Pasteur a postulé à cet appel en proposant le projet aujourd’hui retenu.
Le 19 mars 2020, la CEPI annonce le financement du projet du consortium de l’Institut Pasteur, de Themis Bioscience GmbH (Themis) et de l’université de Pittsburgh / Center for Vaccine Research (CVR), dont l’objectif est le développement d’un vaccin contre le SRAS-CoV-2.
« Cette approche reposant sur l’utilisation de ce vecteur a été choisie pour développer un vaccin contre le SRAS-CoV-2 sur la base de notre expérience existante avec cette technologie », explique le Pr Stewart Cole, directeur général de l’Institut Pasteur.
Le vaccin rougeole est ici utilisé comme un véhicule (ou vecteur). En utilisant le vaccin contre la rougeole (aussi appelé MV) comme vecteur, des vaccins recombinants peuvent être conçus pour exprimer des antigènes d’autres agents pathogènes (fragments du virus du sida, de la dengue, du Nil occidental, de la fièvre jaune, de la fièvre de Lassa, ou d’autres maladies émergentes…). L’utilisation du MV pour la vaccination contre ces agents pathogènes, permet de délivrer les antigènes chez les individus à vacciner directement dans les compartiments du système immunitaire susceptibles d’induire une réponse mémoire protectrice.
Rappelons que le vaccin rougeole est un des vaccins existants largement éprouvé, utilisé depuis plus de 40 ans, distribué dans le monde entier, déjà administré à plus de 2 milliards d’enfants avec succès et conférant une protection de 95% sans effet secondaire notable. Ce vaccin est un virus vivant atténué qui induit une immunité humorale et cellulaire. Il a un dossier de sécurité solide, est très efficace et confère une immunité quasiment à vie. En l’utilisant comme vecteur pour proposer des nouveaux vaccins contre d’autres pathogènes, on espère obtenir ces mêmes caractéristiques.
Un modèle de vaccin déjà en cours de développement dans d’autres indications
« Cette même approche pour le développement de nouveaux vaccins a déjà été utilisée par des équipes de l’Institut Pasteur ces dernières années. Le projet le plus avancé aujourd’hui, sur la base de cette technologie, est un candidat-vaccin combiné rougeole-Chikungunya », indique le Pr Stewart Cole, directeur général de l’Institut Pasteur l’Institut Pasteur. C’est un candidat vaccin prometteur pour cette infection à chikungunya et des essais cliniques de phase III débuteront au second semestre 2020, également financés par CEPI et pilotés par Themis. « Ce candidat-vaccin s’est déjà révélé bien toléré et immunogène. » Les doses testées les plus élevées ont entraîné une séroconversion de 90% des sujets suite à une seule immunisation, indiquant qu’une seule dose pourrait être suffisante pour obtenir un effet clinique, ce qui est crucial en cas d’épidémie.
Ce modèle de vaccin utilisant comme vecteur le vaccin contre la rougeole a également montré des indicateurs d’intérêt contre le virus apparenté SARS-CoV (aujourd’hui dénommé Sars-CoV-1), mais aussi contre le MERS-CoV, dans un modèle animal. D’autres candidats vaccins reposant sur ce modèle sont actuellement en développement clinique et ciblent les virus Zika (financement de l’Union Européenne) et Lassa (financé par CEPI).
Un consortium déjà bien établi, avec des expertises complémentaires
Le consortium de l’Institut Pasteur à Paris, de Themis Bioscience GmbH (Themis) et de l’université de Pittsburgh / Center for Vaccine Research (CVR) s’appuie sur un historique de collaboration bien établi et des expertises complémentaires. Ceux-ci doivent permettre d’avancer rapidement pour réaliser les différentes phases de développement d’un vaccin MV contre le SARS-CoV-2 émergent.
Les premières phases du programme sont les suivantes :
. Avril 2020 : identification du candidat optimal pour progresser vers la fabrication et le développement clinique
. Août 2020 : phases règlementaires de développement d’un candidat-vaccin (GMP* disponible, QP** publié).
*GMP : Good Manufacturing Practice – Système permettant de garantir que les produits sont fabriqués et contrôlés conformément aux normes de qualité.
**QP : Qualified Person, ou Personne qualifiée – Terme technique utilisé dans la réglementation pharmaceutique de l’Union européenne (directive 2001/83 / CE pour les médicaments à usage humain). La réglementation précise qu’aucun lot de médicament ne peut être mis en vente ou fourni avant la certification par un QP que le lot est conforme aux exigences pertinentes.
. Octobre 2020 : mise en place d’un aérosol SARS-CoV-2 chez un modèle animal (juillet 2020) et pour fournir un soutien supplémentaire faisant progresser le candidat-vaccin (oct. 2020)
Sous réserve du succès de ces premières étapes de recherche et de développement, abondement supplémentaire par CEPI pour poursuivre ce programme.
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Source : Protection from SARS coronavirus conferred by live measles vaccine expressing the spike glycoprotein, Virology, 2014