Délistage de molécules : un potentiel de 1,5 milliard d’économies pour la France selon l’Afipa
Dans le cadre du congrès annuel de l’Association Européenne des Spécialités pharmaceutiques Grand Public (AESGP) organisé du 6 au 8 juin à Nice, Celtipharm a réalisé pour l’Afipa, l’association qui représente les industriels du médicament d’automédication, une étude sur les économies réalisables par la collectivité sur la prise en charge des patients et sur les consultations médicales en cas de délistage de certaines molécules relevant d’indications adaptées à l’automédication telles que le reflux gastro-oesphagien, la rhinite allergique et la migraine.
« En 2011, l’automédication est un des rares marchés à tirer son épingle du jeu (+1,9 % des ventes en valeur)¹ dans un marché du médicament en léger recul (-1,1% des ventes en valeur)1. Pour autant, ce secteur des produits d’automédication ne représente en France que 6,4% du marché des médicaments² contre une moyenne de 10,4% dans les pays membres de l’Union Européenne²,classant notre pays en avant-dernière position des pays européens », souligne dans un communiqué l’Afipa qui estime que le secteur pourrait connaître un plus grand essor « si les autorités prenaient exemple sur des mesures mises en place dans ce domaine chez nos voisins ».
La plupart des pays de l’Union Européenne connaissent un marché de l’automédication plus développé qu’en France : 14,4% en Allemagne, 18,1% au Royaume-Uni ou encore 26% en Pologne. La France est un des derniers pays européens avec notamment l’Autriche et la Grèce à maintenir le monopole officinal sur l’automédication. « Les circuits de distribution autres que les officines n’expliquent pas à eux seuls cette progression en Europe. En Italie (8,50%), la vente des OTC s’effectue en pharmacie mais aussi en GMS ; ce circuit de distribution ne convainc pas pour le moment » défend Pascal Brossard, Président de l’Afipa.
« D’un point de vue global, le lancement d’un switch sur l’ensemble des 114 molécules non délistées en France permettrait à la collectivité d’effectuer des économies de 398,4 millions d’euros ; dans le cadre d’un délistage complet (5) des 114 molécules non délistées dans notre pays, la collectivité économiserait un total de 1,5 milliard d’euros », estime l’Afipa dans un communiqué.
« La liste élaborée par l’ANSM date déjà de 4-5 ans. Il est donc possible d’aller beaucoup plus loin. Certaines molécules concernant un plus grand nombre de pathologies telles que l’infection urinaire de la femme, les infections gynécologiques (mycoses, vaginite) ou encore la constipation peuvent être délistées, à condition que le diagnostic une fois posé, le patient soit bien éduqué à l’automédication et le rôle de conseil du pharmacien reconnu et renforcé » avance Alain Baumelou, Professeur à l’Hôpital à la Pitié Salpêtrière.
Les résultats révèlent que les trois premières sources d’économies portent sur des pathologies comme la migraine, la rhinite allergique et le reflux gastro-oesophagien (RGO). « La collectivité fait des économies sur la prise en charge de certaines pathologies comme le RGO, la rhinite allergique et la migraine ; ce qui permet de dégager de l’argent pour la prise en charge de pathologies plus lourdes et pourquoi pas pour l’innovation » avance Pascal Brossard, Président de l’Afipa.
« Le marché de l’automédication en France est sous-développé. Avec des solutions simples qui ont déjà fait leurs preuves dans d’autres pays européens, il est possible de l’augmenter en France. Les effets seront globalement positifs car les patients seront plus autonomes, la sécurité sociale réduira ses dépenses et pourra prendre en charge les pathologies plus lourdes et aider les populations les plus défavorisées. Toute la société a intérêt à étendre le système. Les scientifiques et les économistes sont d’accord » conclut Pascal Brossard.
Source : Afipa
1 10e baromètre de l’automédication 2011 réalisé pour l’Afipa par CELTIPHARM auprès du panel Xpr-SO®, panel de 3 004 pharmacies représentatives du parc officinal français.
2 AESGP and AESGP National Associations 2011.
3 CELTIPHARM est une société d’ingénierie marketing-ventes – elle conçoit des programmes pour l’ensemble des acteurs de la chaîne de santé (laboratoires, régulateurs, payeurs, professionnels de santé).
4 Passage de statut de médicament de Prescription Médicale Obligatoire (PMO) à celui de Prescription Médicale Facultative (PMF)
5 Le délistage est accompagné d’un déremboursement (si la prescription ouvrait le droit au remboursement)