Dossier Pharmaceutique : l’Ordre des pharmaciens réfléchit à de nouvelles fonctionnalités
L’Ordre National des pharmaciens (CNOP), qui vient de présenter le rapport d’activité du Dossier Pharmaceutique (DP), a indiqué réfléchir à de nouvelles applications du DP, notamment dans la lutte contre les médicaments falsifiés, l’amélioration de la couverture vaccinale ou encore l’accès des patients à leur DP.
« Le DP est un outil professionnel qui est devenu essentiel et incontournable parce qu’il répond aux grands enjeux sanitaires actuels : le bon usage du médicament, la coordination entre professionnels de santé, le décloisonnement ville-hôpital, les gestions de crises sanitaires, les ruptures d’approvisionnement. Il témoigne de la volonté des pharmaciens de contribuer concrètement à résoudre des problématiques de santé publique. » a indiqué Isabelle Adenot, Président du Conseil national de l’Ordre des Pharmaciens.
En septembre 2013, plus de 98% des officines sont raccordées au DP et plus de 28 millions de patients ont ouvert un dossier. Aujourd’hui, 88% des DP sont actifs. 7,7 millions de plus de 60 ans ont un DP, soit plus d’un senior sur 2 et 5,6 millions de moins de vingt ans ont un DP soit plus d’un enfant sur 3.
Concernant le DP dans les établissements de santé, 105 établissements sont signataires de conventions et 45 sont raccordés. Sur les 1000 premiers patients pour lesquels ces établissements ont interrogé l’hébergeur, 60% ont un DP.
La signature d’un arrêté ministériel, en juin 2013, a officialisé le début de l’expérimentation de l’accès du DP-Patient : aux urgences, pour permettre aux médecins de disposer d’une information instantanée des traitements antérieurs ; en anesthésie-réanimation, afin d’établir le risque anesthésique au regard des médicaments pris par les patients ; en gériatrie, où le risque iatrogène est accru compte tenu du nombre de spécialités pharmaceutiques et de l’âge des personnes prises en charge.
Alertes sanitaires, retraits et rappels
Depuis juillet 2010, l’Ordre national des pharmaciens peut diffuser en quelques minutes une alerte sanitaire (DGS, ANSM…) à l’ensemble des pharmacies raccordées au DP, en métropole ou dans les DOM. Un dispositif qui fonctionne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Ainsi 30 alertes sanitaires diffusées au cours des 12 derniers mois.
Depuis novembre 2011, les rappels et retraits de lots de médicaments sont transmis aux pharmacies par le portail DP, selon les mêmes modalités que pour l’envoi des alertes sanitaires. Les pharmaciens, ainsi avertis en temps réel, peuvent retirer sans délai de la vente, les médicaments concernés. Ce dispositif, réalisé avec l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et les laboratoires exploitants, fonctionne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Ce sont 85 rappels de lots qui ont été diffusés au cours des 12 derniers mois.
« DP-Suivi sanitaire » et ruptures de stocks
La loi n° 2011-2012 du 29 décembre 2011 permet au ministre de la Santé, à l’ANSM et à l’Institut de veille sanitaire (InVS) d’accéder, sur demande, pour des raisons de santé publique, aux données anonymes des DP. « La base anonyme du DP a servi lors de la crise des pilules de 3ème et 4ème génération. Des données anonymes consolidées étaient communiquées très régulièrement au ministère de la Santé et à l’ANSM », explique l’Ordre.
Autre fonctionnalité, celle de la gestion de l’information sur les ruptures d’approvisionnement. En phase pilote, DP-Rupture permet de faire passer le flux d’information entre les acteurs concernés afin de trouver plus facilement des solutions pour le traitement des patients. 300 pharmaciens l’expérimentent depuis le 26 août 2013, pour une période de deux mois. Sont concernés : des officinaux, des pharmaciens hospitaliers, des grossistes-répartiteurs, des laboratoires. Ainsi que les autorités sanitaires, les Agences régionales de santé (ARS) et l’ANSM. 100 pharmaciens ont commencé à participer à la phase pilote. Avant son déploiement, un bilan de cette phase pilote sera transmis au ministère de la Santé en octobre 2013.
Les prochains enjeux du DP
L’ordre a indiqué réfléchir à de nouvelles applications du DP. Parmi elles, la lutte contre les médicaments falsifiés. « La directive européenne 2011/62/UE relative à la lutte contre les médicaments falsifiés dénonce cette « grave menace pour la santé publique » et prévoit ainsi la traçabilité des boîtes de médicament, non au lot mais à la boîte, ce qui permettra de vérifier que deux boîtes portant le même numéro ne seront pas délivrées par des pharmaciens européens (une des deux serait fausse) ». C’est pourquoi l’Ordre réfléchit à une nouvelle fonctionnalité du DP, DP-contrefaçon, en coordination avec la future base de données européennes.
Le DP pourrait également contribuer à l’amélioration de la couverture vaccinale. « Les délivrances de vaccins sont actuellement inscrites dans le DP. Mais elles « disparaissent » au bout de quatre mois. Si ces données restaient accessibles pendant la durée de vie du DP d’un patient, les pharmaciens pourraient alors alerter les personnes au moment du renouvellement afin qu’elles se rendent chez leur médecin pour renouveler leur vaccination » , indique l’Ordre.
L’orde envisage enfin de permettre aux patients d’avoir accès à leur DP chez eux ou sur leur téléphone mobile via un site Internet sécurisé. « Toutes ces nouvelles fonctionnalités ne seront possibles que si le législateur le souhaite », souligne l’Ordre.