Drépanocytose : l’Institut Imagine va coordonner un projet subventionné par Horizon Europe sur les approches d’édition du génome
L’institut hospitalo-universitaire Imagine (Inserm, AP-HP, Université Paris Cité), également labellisé Institut Carnot, va coordonner un projet financé par Horizon Europe, le programme cadre de financement de la recherche et de l’innovation de l’Union européenne pour la période 2021-2027. Le projet “EDITSCD”, porté par Annarita Miccio, directrice de laboratoire à l’Institut Imagine, a été sélectionné dans l’appel » Outils et technologies pour une société saine (2021) : thérapies avancées de nouvelle génération pour traiter les maladies très répandues et à forte morbidité dont les besoins médicaux ne sont pas satisfaits ». Ce projet, qui implique huit partenaires universitaires et industriels*, vise à évaluer l’efficacité et la sécurité des approches d’édition du génome pour la drépanocytose. Il bénéficiera d’un financement de la Commission européenne de 6 001 250 euros et d’un cofinancement de 917 485 euros du Secrétariat d’État suisse à l’éducation, à la recherche et à l’innovation.
Approches innovantes de thérapie génique pour la drépanocytose
La drépanocytose est la maladie génétique la plus courante, avec 350 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année dans le monde. Elle se traduit par une anémie sévère, des crises extrêmement douloureuses, un risque accru d’infections et une perte progressive des fonctions de certains organes. La drépanocytose affecte l’hémoglobine, le principal composant des globules rouges, qui transporte l’oxygène dans le sang, et est causée par une mutation du gène de la β-globine, codant l’un des constituants clés de l’hémoglobine. Les seuls traitements curatifs à ce jour sont la transplantation de cellules souches sanguines (hématopoïétiques) provenant de la moelle osseuse d’un donneur sain (une approche limitée par le manque de donneurs compatibles, soit moins de 30% des cas seulement), et, toujours à titre expérimental, le transfert de gènes par lentivirus. Les autres traitements disponibles réduisent les symptômes et la douleur mais ne ciblent pas la cause de la maladie.
L’équipe d’Annarita Miccio et les membres du consortium portant le projet développent des méthodologies de pointe en matière de thérapie génique pour les troubles hématologiques, utilisant des techniques d’édition du génome. Le projet bénéficiera de cette expertise, avec des approches innovantes fondées sur les ciseaux moléculaires CRISPR-Cas9, utilisées spécifiquement pour la drépanocytose, avec deux objectifs : réactiver l’expression de l’hémoglobine fœtale, naturellement produite avant la naissance, afin de compenser le déficit en hémoglobine adulte fonctionnelle, ou bien corriger directement la mutation causant la drépanocytose.
Collaborer pour évaluer l’efficacité et la sécurité de ces approches
Les données cliniques et de recherche suggèrent que les cellules souches hématopoïétiques de la drépanocytose, cibles de la thérapie génique, sont caractérisées par une charge mutationnelle élevée, un stress oxydatif et l’expression de gènes inflammatoires.
« Pour ce projet, nous avons réuni une équipe multidisciplinaire composée de huit partenaires issus de sept pays. Grâce à leurs expertises, nous souhaitons mieux comprendre les mécanismes moléculaires et cellulaires qui sous-tendent les dysfonctionnements des cellules souches hématopoïétiques dans la drépanocytose. Nous voulons également évaluer l’impact des approches d’édition du génome établies et nouvelles sur les propriétés des cellules souches hématopoïétiques et sur l’intégrité de leur génome. Nous espérons que cette étude posera les bases d’une stratégie de thérapie génique améliorée pour traiter la drépanocytose et fournira des outils et des protocoles de bonnes pratiques pour les thérapies fondées sur l’édition du génome. S’adressant in fine aux patients, il est important pour nous d’établir au sein du projet un dialogue autour de ces nouvelles thérapies avec les communautés de patients. Pour cela, le réseau de référence européen sur les maladies hématologiques rares (ERN-EuroBloodNet) accompagnera notre consortium dans des actions orientées vers les patients, et soutiendra les activités de diffusion de ces stratégies innovantes », explique Annarita Miccio, coordinatrice du projet.
Répondre aux besoins européens en matière de santé et d’innovation
Ce projet est financé par Horizon Europe, le programme cadre de recherche et d’innovation de l’Union européenne, qui vise à accroître la visibilité de la recherche et de l’innovation européennes de pointe et à attirer et mobiliser des talents. Les projets soutenus devront contribuer à une Europe plus innovante, résiliente, compétitive et saine.
« L’Institut Imagine, avec ses partenaires, est fier de son implication dans cet ambitieux programme d’excellence européen. Élargir les collaborations au niveau européen est l’une de nos priorités. Horizon Europe rassemble les acteurs clés de l’innovation technologique et thérapeutique, issus des secteurs de l’industrie, de la recherche académique et de la santé, pour accélérer le développement scientifique, trouver des traitements, et finalement contribuer à une meilleure santé. Mobilisés à travers des projets multidisciplinaires et multi-partenaires, ces acteurs démontrent l’importance des collaborations entre les secteurs public et privé pour contribuer collectivement, à l’échelle européenne, au développement de traitements innovants pour des maladies qui représentent des véritables enjeux de santé publique », conclut le Pr Stanislas Lyonnet, directeur de l’Institut Imagine.
(*) Institut Imagine (France), Annarita Miccio ; Ospedale San Raffaele SRL (Italy), Giuliana Ferrari ; Universitaetsklinikum Freiburg (Germany), Claudio Mussolino, Toni Cathomen ; Bar Ilan University (Israel), Ayal Hendel; Inserm (France), Mario Amendola ; Eidgenoessische Technische Hochschule Zuerich (Switzerland) Jacob Corn, Astrazeneca AB (Sweden), Marcello Maresca ; Eatris Eric (Netherlands), Anton Ussi
Source : Institut Imagine