Elections régionales : les médecins sanctionnent l’UMP
Un tiers seulement des médecins libéraux et des praticiens hospitaliers voteraient pour l’UMP et ses alliés au premier tour des élections régionales du 14 mars, selon un sondage réalisé par l’IFOP pour le Quotidien du médecin. Pire encore : 73 % des médecins sanctionnent la politique de Nicolas Sarkozy en matière de santé et de protection sociale et 76 % d’entre eux (notamment 82 % des médecins de ville) ne font plus confiance à la ministre de la santé.
Patatras! Entre la droite et les médecins, c’est le divorce. Et le divorce pour faute. Le sondage que publie le « Quotidien du médecin », réalisé par l’IFOP auprès de 501 médecins libéraux et hospitaliers, prend la mesure des dégâts, et de la vaisselle cassée : la cote de confiance de Nicolas Sarkozy et Roselyne Bachelot dans le monde médical s’est brutalement effondrée. 24 % seulement des praticiens (tous exercices confondus) et 18 % seulement des médecins libéraux soutiennent encore Roselyne Bachelot. Question : comment en est-on arrivé là ? Très simple : prenez un shaker. Versez pour commencer une bonne cuiller de loi HPST que les médecins, dans l’ensemble, (hospitaliers comme praticiens de ville), ont eu du mal à avaler. Ajoutez, pour les libéraux, deux louches de C à 23 € qu’il faut faire figurer au catalogue des promesses non tenues. Pour finir, poivrez généreusement avec l’épisode de la grippe A/H1N1 et le refus obstiné de la ministre de la Santé d’accorder aux médecins de ville le droit de vacciner. Pour les gourmets, n’oubliez pas de saupoudrer avec l’échec des négociations conventionnelles. Secouez bien et servez… brûlant.
Une chute -que dire, une dégringolade dans les sondages- d’autant plus étonnante qu’elle a été rapide. Au lendemain de l’élection présidentielle de mai 2007, Roselyne Bachelot était en effet plébiscitée par 62 % des médecins libéraux. Aujourd’hui, moins d’un médecin libéral sur cinq lui apporte son soutien. Nicolas Sarkozy ne pourra donc pas compter sur le corps médical pour redresser la barre en faveur de la majorité. Car, s’agissant des intentions de vote des médecins pour les élections régionales, le sondage confirme la déception abyssale du monde médical : seuls un tiers des praticiens libéraux et hospitaliers (respectivement 32 et 34 %) ont l’intention de voter pour les listes de l’UMP et de ses alliés. Un résultat à comparer avec celui du sondage réalisé à quelques jours de l’élection présidentielle (Le Quotidien du 12 avril 2007) et qui montrait que… 75 % des médecins libéraux voteraient pour Nicolas Sarkozy.
Entre la droite et les médecins, c’est donc à peu près cuit. Comme d’ailleurs entre les agriculteurs et la majorité. Quel rapport ? Ces deux corps sociaux, très homogènes, sont des viviers électoraux historiques pour la droite. Mais puisqu’il est question de médecins, rafraichissons nos mémoires. En 1997, la droite -qui avait alors sorti « la machine à perdre » du grenier- avait payé le prix fort d’une dissolution qui avait faire dire à l’époque qu’elle s’était tiré une balle dans le pied. Et au moment de faire les comptes (mécomptes…) des voix perdues, les regards s’étaient alors tournés vers… les médecins, humiliés par le plan Juppé de redressement des comptes de la Sécurité sociale, plan qui prévoyait (entre autres) de sanctionner financièrement les praticiens qui prescrivaient trop. Furieux, ils avaient alors voté à gauche, du moins le croyait-on, et invités leurs patients à faire de même. Cette fois, la leçon promet d’être aussi rude: il ne faut jamais sous-estimer la force politique des médecins. Tous les ministres qui s’y sont essayés ont payé l’addition au prix de leur maroquin. Roselyne Bachelot ne devrait pas survivre au remaniement qui suivra les élections régionales.
© Hervé Karleskind HKConseils
• Sondage réalisé par l’Ifop pour « Le Quotidien du Médecin » auprès d’un échantillon de 501 médecins, représentatif des médecins libéraux et hospitaliers. Ont été interrogés 301 médecins libéraux et 200 médecins hospitaliers