Elections régionales: pourquoi Roselyne Bachelot renonce
Elle renonce: Roselyne Bachelot, ministre de la Santé et des Sports, ne sera pas tête de liste UMP aux élections régionales en Pays de Loire. Dans une interview accordée jeudi à “Ouest-France” la ministre explique en effet que la gestion de la grippe A implique un travail “de jour comme de nuit”.
A la question de savoir pourquoi elle a décidé de faire volte-face, Roselyne Bachelot répond sans ambage : « C’est vrai : c’est une décision que j’ai prise depuis plusieurs semaines. La raison en est cet élément nouveau qui n’était pas connu au moment où j’ai déclaré ma candidature : la gestion de l’épidémie de grippe A/H1N1, qui nécessite une mobilisation de tous les instants. Et je ne parle pas des autres dossiers qui sont les miens : la réforme de l’organisation des soins, la préparation de la loi de bioéthique, l’Assurance maladie… ».
Et de poursuivre : « cette nouvelle charge ne pouvait plus être compatible avec le rôle de tête de liste d’une campagne électorale aussi importante. Je ne voulais pas mentir à mes électeurs en me réfugiant dans le trompe-l’oeil et les faux semblants. J’en avais avisé le président de la République et le Premier ministre, qui en étaient aussitôt convenus. Ils m’avaient alors demandé de réserver l’annonce de cette décision ».
« La grippe a « fait » Roselyne Bachelot «
Plusieurs leçons peuvent être tirées de ce renoncement : la ministre ne peut en effet difficilement courir plusieurs lièvres à la fois, et la popularité que lui vaut son plan de lutte contre la grippe A lui donne une aura politique beaucoup plus forte que dans le passé. Roselyne Bachelot est en passe de devenir l’infirmière préférée des Français.
D’une certaine façon, -la politique est toujours un exercice cynique-, la grippe a « fait » Roselyne Bachelot : jusqu’alors, elle avait souffert d’une réputation de « gaffeuse » -c’est elle qui avait révélé les problèmes d’ouïe de Jacques Chirac-, réputation « alourdie » si l’on peut dire par ses très bons rapports avec François Fillon qui lui ont valu d’être regardée de travers à l’Elysée. Mais voilà, la ministre a su s’imposer, en renonçant à ses tailleurs pimpants et en professionnalisant de façon impressionnante ses interventions publiques. Enfin, Roselyne Bachelot a su contourner les obus que les professionnels de santé ne manquent jamais d’envoyer sur le site du ministère de la Santé. Mieux encore, elle est arrivée –après maintes péripéties, c’est vrai- à faire adopter sa loi HPST. Preuve est donc faite qu’en politique, la santé ce n’est pas toujours mortel.
Hervé Karleskind
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