Entreprises du médicament : une croissance faible, des effectifs stabilisés
Le « nouveau » président du Leem, Christian Lajoux III (il se succède à lui-même pour un troisième mandat de deux ans) a présenté jeudi le bilan économique des entreprises du médicament. Deux éléments à retenir : 1- Une croissance faible du chiffre d’affaires de l’industrie en 2009, (26 Mds €) soit une hausse comparable à 2008, et probablement identique en 2010. 2- Une stabilité des effectifs du secteur avec 108 407 personnes employées (sous-traitants de production inclus) contre 108 668 en 2008.
« Ces données brutes ne reflètent pas les profonds bouleversements de notre secteur », explique Christian Lajoux : « Les investissements de médicament remboursable ont crû de 2,2 % en 2009. Notre secteur d’activité n’est donc plus, si l’on se rapporte aux chiffres du début des années 2000, une préoccupation majeure dans la problématique plus générale de maîtrise des dépenses de santé ». En clair, les autorités de santé seraient malvenues de demander aux industriels des baisses de prix comparables à celles du marché grec, espagnols ou italiens.
Selon le président du Leem, « la transformation profonde du marché du médicament est notamment due au développement continu des médicaments génériques : ceux-ci représentent désormais 12 % du chiffre d’affaires du médicament remboursable en ville, soit près d’1/4 des boîtes vendues en officine, en croissance de 12 %. Toujours selon le patron du Leem, le développement des Contrats d’amélioration des pratiques individuelles (CAPI) signés par 14 000 médecins généralistes, ou encore la réforme de la distribution des médicaments dans les EHPAD ont largement contribué à « génériquer » le marché. Et le président du Leem de déplorer que : « Le médicament reste malheureusement une « variable d’ajustement » de la maîtrise des coûts sanitaires.
Le second changement concerne la structure des emplois.
En effet, poursuit le patron du Leem, « si les effectifs restent stables, la structure des emplois se transforme en profondeur. L’industrie est passée de 24 000 à 19 000 visiteurs médicaux en cinq ans. Par ailleurs, plusieurs sites de production sont en train de connaître d’importantes restructurations. 19 plans de sauvegarde de l’emploi concernant environ 4 000 suppressions de postes ont été annoncés en 2009 (l’impact de ces plans s’étale sur plusieurs années). Dans le même temps, le secteur continue de recruter et donc de renouveler ses effectifs. Près de 9 600 salariés nouveaux ont été recrutés en 2009 ».
S’il ne s’agit pas d’un bilan en demi-teinte, on remarquera que Christian Lajoux, que l’on a vu plus combatif, reste prudent. Objectivement, la situation globale de l’industrie reste plutôt bonne au regard des résultats des autres branches d’activités. Le médicament arrive au quatrième rang des exportateurs français, ce qui constitue un très bon résultat dans un contexte marqué par le déficit abyssal du commerce extérieur français. A six mois du début officiel de son troisième mandat, Lajoux III n’affiche pas une mine trop inquiète : il sait que les vraies échéances débuteront en 2012, après l’élection présidentielle. C’est-à-dire la date à laquelle le déficit des comptes sanitaires deviendra insupportable. Question : pourquoi ne pas avoir traité en même temps la question des retraites et celle de la protection sociale ? Un Premier ministre –bien imprudent- s’y était risqué en 1995 : c’était Alain Juppé. Et il l’a payé fort cher. Pas si téméraire, Nicolas Sarkozy s’est bien gardé de faire la même erreur. Mais, à l’évidence, cela revient à repousser les murs pour faire passer le piano.
Hervé Karleskind
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