Environnement chimique : alerte sur la reproduction et le développement de l’enfant
Dans l’ensemble des pays industrialisés, les affections qui altèrent la fertilité masculine sont en augmentation. Sur le banc des suspects : des substances chimiques qui agissent comme des perturbateurs endocriniens. Un colloque organisé le 25 novembre par la secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, doit permettre un partage d’expériences entre scientifiques européens.
Les statistiques sont là pour alimenter l’inquiétude et le débat. Toutes les études montrent une augmentation des allergies chez les enfants, et une augmentation du nombre de nouveaux cas de cancers tant chez l’homme que chez la femme, qui a pratiquement doublé en 25 ans.
Dans ce tableau préoccupant, le débat est vif pour savoir quelle est la part revenant aux évolutions démographiques et des techniques médicales de diagnostic et celle revenant aux modifications de l’environnement dans les pathologies infantiles, et dans ce que d’aucuns appelle l’épidémie de certains cancers (sein, prostate, thyroïde, testicule, lymphomes,…).
Le concept de « perturbation endocrinienne »
Depuis 50 ans, la production spermatique des hommes aurait diminué de moitié environ, l’incidence du cancer du testicule a augmenté de près de 5%, les malformations génitales des garçons ont également augmenté. Dans les espèces sauvages, la reproduction des poissons et des amphibiens est perturbée. Depuis le début des années 1990, tant aux Etats-Unis qu’en Europe, le concept de « perturbation endocrinienne » alimente un vif débat sur la détérioration de la santé reproductive humaine, aussi bien dans la communauté scientifique qu’au niveau du public, des média, des instances réglementaires et politiques. Une des particularités les plus marquantes de ce débat est qu’il mêle dans la communauté scientifique des disciplines qui, auparavant, se rencontraient peu : cliniciens, biologistes, endocrinologues, épidémiologistes, toxicologues, ecotoxicologues et autres spécialistes de la faune sauvage.
Deux types de perturbateurs endocriniens
Selon leur origine, deux types de perturbateurs endocriniens sont distingués : les substances produites naturellement par des organismes biologiques (notamment certaines plantes et champignons) et les substances de synthèse, notamment des molécules pharmaceutiques et vétérinaires (distilbène, pilules contraceptives, traitements hormonaux de cancers, promoteurs de croissance etc.), agricoles (DDT et autres pesticides organochlorés) et industrielles (des agents plastifiants, des retardateurs de flammes bromésii, la dioxineiii-iv et certains métaux lourds dont le plomb, le mercure et le manganèse).
125 perturbateurs endocriniens certains
Dans le cadre de sa stratégie communautaire concernant les perturbateurs endocriniens, l’Europe a établi en 2007 une liste de 320 substances (identifiées parmi 600 substances étudiées) susceptibles de perturber le système endocrinien humain. 125 d’entres elles sont qualifiées de perturbateurs endocriniens certains. Cette liste comprend plusieurs familles de substances chimiques dont les phtalates, les phyto-oestrogènes, la dioxine, certains pesticides et métaux lourds, des composés bromés, etc
C’est pourquoi, pour faire le point des connaissances sur les implications des chercheurs et des décideurs, sur les perspectives et les possibilités d’actions devant ces enjeux humains et environnementaux, l´Afsset et l´IReSP organisent cette journée placée sous la présidence française de l´UE. Des scientifiques venus spécialement du monde entier se retrouveront ainsi pour présenter les derniers résultats de leurs programmes de recherche.
Pour plus d’informations, consulter le programme du colloque