Erreurs médicamenteuses : une initiative mondiale pour les diminuer par deux en 5 ans
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a lancé depuis 2017 une initiative mondiale ayant pour objectif la réduction de 50% les effets graves évitables des erreurs de médication dans le monde d’ici 2022.
Cette initiative lancée depuis maintenant deux ans a pour objectif de remédier aux « faiblesses des systèmes de santé qui sont à l’origine des erreurs médicamenteuses et des graves conséquences qu’elles entraînent ». Pour cela, elle définit des pistes d’amélioration tant au niveau de la prescription, de la distribution et de la consommation des médicaments. Elle vise également à sensibiliser les patients aux risques liés aux mauvais usages des traitements.
Selon l’OMS, le phénomène n’épargne aucun pays. Rien qu’aux États-Unis, les erreurs médicamenteuses causent au moins un décès par jour et sont responsables chaque année de lésions chez 1,3 million d’individus. En effet, selon les estimations, la fréquence des événements indésirables du fait d’erreurs médicamenteuses, est relativement similaire aussi bien dans les pays à revenu faible et/ou intermédiaire que dans les pays à revenu élevé. Néanmoins, leur impact sur le nombre d’années de vie en bonne santé perdues est près de 2 fois supérieur. « Beaucoup de pays n’ont pas de données de bonne qualité. Elles seront justement recueillies dans le cadre de l’initiative », souligne par ailleurs l’OMS.
L’OMS estime ainsi le coût annuel des erreurs médicamenteuses dans le monde à environ 42 milliards de dollars, soit près de 1% de l’ensemble des dépenses de santé mondiales. Pour tenter de remédier à cette situation, l’Organisation articule son initiative autour de 4 axes: patients/public, professionnels de santé, médicaments en tant que produits et systèmes et pratiques de médication. L’objectif affiché est d’améliorer le processus de médication à chaque étape (prescription, distribution, administration, contrôle et utilisation des médicaments). En 2017, afin de réduire les erreurs médicamenteuses et leurs effets néfastes, l’OMS a appelé les pays à prendre rapidement des mesures sur certaines thématiques essentielles (médicaments avec un risque élevé d’effets préjudiciables si mal utilisés, patients polymédicamentés ou en phase de transition thérapeutique).
En France, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) indique recevoir régulièrement des signalements d’erreurs médicamenteuses en lien avec le conditionnement et/ou l’étiquetage des produits. Selon l’agence, près de 30% de ces signalements sont en lien avec l’étiquetage, dont 40% concernent des formes orales solides (comprimés, gélules…). Après analyse des conditionnements impliqués dans les signalements, l’agence a estimé que des améliorations étaient possibles.
C’est pourquoi, l’ANSM a publié l’année dernière ses recommandations sur l’étiquetage des médicaments délivrés avec ou sans ordonnance visant notamment à « faciliter l’identification du médicament et d’améliorer la visibilité, la lisibilité et la compréhension de son étiquetage, notamment des informations garantissant la sécurité des patients ». Une démarche qui s’inscrit également dans l’initiative lancée par l’OMS visant à diminuer de moitié les erreurs médicamenteuses au niveau mondial.