GeNeuro et Servier : résultats positifs à 12 mois de Phase 2b avec GNbAC1 dans la SEP
La biotech suisse GeNeuro et le groupe pharmaceutique français Servier ont annoncé lundi des résultats positifs à 12 mois dans l’étude de Phase 2b CHANGE-MS avec GNbAC1, une nouvelle approche thérapeutique prometteuse pour le traitement de la sclérose en plaques (SEP).
Les données ont montré que l’administration de GNbAC1 avait un impact positif et cohérent sur des marqueurs clés de la neuroprotection liés à la progression de la maladie. C’est la première fois qu’un traitement qui cible une protéine issue d’un rétrovirus endogène humain démontre des effets thérapeutiques au cours d’une étude clinique.
Dans cette étude réalisée auprès de 270 patients dans 12 pays européens, l’IRM a révélé un bénéfice neuroprotecteur sur des mesures d’atrophie du cerveau. Des effets positifs ont été observés sur les volumes du cortex et du thalamus, avec une réduction relative de la perte de volume de 31 % et 72 % respectivement, entre la dose la plus élevée de 18 mg/kg et le groupe témoin1, ainsi qu’une relation dose effet2 statistiquement significative dans les deux cas (p=0,045 et p=0,014 respectivement). L’analyse du volume cérébral total a mis en évidence une réduction relative de la perte de volume de 29 % sur 12 mois avec la dose la plus élevée, comparé au groupe témoin, ainsi qu’une tendance sur la relation dose effet2 (p=0,079).
Par ailleurs, le nombre de lésions hypointenses T1 (ou « trous noirs », un marqueur de destruction des tissus du cerveau) d’un volume supérieur ou égal à 14 mm3 est réduit de 63 % (p=0,014) à la fin de l’étude dans le groupe recevant 18mg/kg comparé au groupe témoin.
De plus, le bénéfice du Ratio de Transfert d’Aimantation (ou Magnetic Transfer Ratio), observé à 6 mois dans le groupe recevant 18mg/kg comparé au groupe placebo, est resté stable au cours de la deuxième période de l’étude par rapport au groupe témoin, tant au niveau de la substance blanche d’aspect normal que des bandes corticales, en cohérence avec un potentiel bénéfice sur la remyélinisation.
Pour la plupart des marqueurs de neuroinflammation mesurés par IRM, tous les groupes ont montré des signes d’amélioration entre le 6ème et le 12ème mois, mais aucune différence significative n’a été constatée entre les groupes de traitement. Bien qu’ à 6 mois le critère d’évaluation principal de l’étude – à savoir la réduction du nombre de lésions cérébrales rehaussées par le gadolinium mesurées par IRM – n’a pas été atteint, une tendance s’était révélée lors des analyses post-hoc sur les marqueurs de neuroinflammation, toutefois cette tendance n’a pas abouti à un résultat pertinent au bout de 12 mois.
Aucune toxicité liée à un type d’organe ni d’événement indésirable lié à la dose n’ont été observés chez les patients. GNbAC1 a continué d’avoir un excellent profil de tolérance tout au long de l’étude.
« Il est impressionant de voir déjà à un an une telle cohérence de l’effet sur tous ces marqueurs clés de la neurodégénérescence, et de constater que cet effet semble être indépendant d’une action anti-inflammatoire, » indique le Professeur Hans-Peter Hartung, Directeur du service de neurologie à l’Hôpital universitaire de Düsseldorf et investigateur principal de l’étude CHANGE-MS. « Ces effets positifs sont très prometteurs et pourraient ouvrir une nouvelle voie thérapeutique pour adresser le principal besoin médical non satisfait dans la sclérose en plaques, à savoir la progression de la maladie. »
« L’impact positif de GNbAC1 sur les marqueurs de la neuroprotection apporte des perspectives thérapeutiques novatrices pour le traitement de la sclérose en plaques, conformément à la mission de Servier de mettre à la disposition des patients des nouveaux traitements sûrs et efficaces. Forts de cet accomplissement réalisé, nous allons maintenant évaluer les prochaines étapes du développement de ce projet avec notre partenaire pour que les patients puissent bénéficier de ces avancées le plus rapidement possible, » déclare le Dr Christian de Bodinat, Directeur du Centre d’Innovation Thérapeutique en Neuropsychiatrie de Servier.
« Ces résultats représentent un succès important pour GeNeuro car ils démontrent le rôle de la protéine pathogène HERV-W chez les patients atteints de sclérose en plaques. Ils confirment l’hypothèse selon laquelle il serait possible d’altérer l’évolution neurodégénérative de la maladie en traitant un facteur causal, comme suggéré par la recherche préclinique, » explique Jesús Martin-Garcia, Directeur Général de GeNeuro. « Ces résultats cliniques valident les efforts de GeNeuro pour développer cette approche dans d’autres maladies liées aux rétrovirus endogènes humains, telles que le Diabète de Type 1, la PIDC3 et la Sclérose Latérale Amyotrophique. »
GNbAC1 est un anticorps monoclonal visant à neutraliser une protéine rétrovirale pathogène (pHERV-W), codée par un rétrovirus endogène humain de la famille HERV-W. Les rétrovirus endogènes humains (HERV) proviennent d’insertions ancestrales d’ADN rétroviral dans le génome humain pouvant, selon les estimations actuelles, représenter jusqu’à 8 % de l’ADN total. La protéine pHERV-W pourrait être un facteur causal du développement de la sclérose en plaques, du Diabète de Type 1 (DT1) et de la PIDC. GeNeuro mène actuellement une étude de Phase IIa avec GNbAC1 dans le DT1, dont les premiers résultats sont attendus en septembre 2018. Par ailleurs, GNbAC1 a reçu la désignation de médicament orphelin de la FDA pour la PIDC. En 2017, GeNeuro a conclu un accord de recherche avec le National Institutes of Health (NIH) aux États-Unis pour développer de nouvelles approches contre la protéine pHERV-K comme cible thérapeutique dans la Sclérose Latérale Amyotrophique (SLA).
L’étude de Phase 2b CHANGE-MS a été entièrement financée à travers d’un partenariat de 362,5 millions d’euros4 signé avec Servier en 2014, octroyant à Servier le développement et la commercialisation potentielle de GNbAC1 dans la SEP dans le monde hors États-Unis et Japon.
L’obtention de ces résultats de Phase 2b positifs par la neutralisation de la protéine pathogène HERV-W confirme son rôle causal dans les mécanismes neurodégénératifs associés à la SEP. GNbAC1 pourrait offrir une option thérapeutique sûre contre la neurodégénérescence, non liée à l’inflammation, dans toutes les formes de la maladie, un objectif majeur auquel ne peuvent répondre les traitements actuels contre la SEP.
Source : GeNeuro / Servier