Grippe A (H1N1) : la polémique sur l’efficacité du Tamiflu se poursuit
Alors, que la semaine dernière, le British Medical Journal a publié une étude très critique sur l’efficacité du Tamiflu ® sur la réduction des complications liées à la grippe A, le Pr Didier Houssin, Directeur général de la santé a justifié de nouveau mardi lors d’un point presse la recommandation des autorités sanitaires françaises d’un élargissement de la prescription des antiviraux.
En effet, depuis le 10 décembre dernier, la Direction générale de la Santé recommande la prescription systématique d’antiviraux chez le patient présentant une grippe clinique. De nouvelles recommandations que le ministère de la Santé justifie du fait de la progression de la pandémie sur le territoire et de l’augmentation des hospitalisations et formes graves. Ainsi, le Tamiflu du laboratoire Roche et le Relenza, des médicaments en provenance des stocks d’Etat, sont distribués gratuitement en pharmacie, sur simple ordonnance médicale.
Une stratégie notamment remise en cause par une publication dans le British Medical Journal (BMJ) et en France par des représentants des médecins généralistes comme le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) ou encore par certains spécialistes des maladies infectieuses ou de pneumologie qui regrettent son intervention tardive dans l’évolution de l’épidémie.
Selon, l’étude du BMJ qui a passé en revue une vingtaine d’essais cliniques sur les antiviraux, le Tamiflu ® a une « incidence modeste sur la réduction des symptômes grippaux et l’infectiosité des adultes en bonne santé, d’environ un jour ». De plus, les scientifiques estiment que « les données sont insuffisantes pour savoir si l’oseltamivir (Tamiflu ®) réduit les risques de complication chez les adultes en bonne santé ».
Pour Didier Houssin, « les publications critiquant la prescription large et systématique des antiviraux concernent seulement la grippe saisonnière. Or, les caractéristiques de la grippe saisonnière et de la grippe A(H1N1) ne sont pas comparables ». « La grippe A(H1N1) se caractérise par des formes graves et les antiviraux permettent d’éviter l’émergence de ces cas », insiste-t-il. Le directeur général de la Santé souligne qu’au Chili, « la prescription large d’antiviraux pour tous les malades grippés, avait entraîné une mortalité moins forte qu’en Argentine, où les antiviraux étaient réservés aux cas graves » et que « la pharmacovigilance sur les antiviraux n’a pas mis en évidence des effets secondaires ».
De son côté, Roche, le laboratoire qui a développé le Tamiflu, a affirmé qu’il « confirmait la solidité et l’intégrité des données prouvant l’efficacité et la sécurité du Tamiflu et la conduite des essais cliniques ».