Le Bilan économique de l’industrie du médicament en France
Le Leem a publié mercredi son dernier Bilan économique de l’industrie du médicament en France. En 2013, le chiffre d’affaires des médicaments remboursables s’est établi à -2,3 % d’évolution, après une année 2012 déjà en décroissance de -3,3 % et deux années de stagnation en 2010 et 2011. Du côté de l’emploi, la décroissance devrait atteindre -2,1 % en 2013, faisant passer les effectifs salariés sous la barre des 100 000 personnes.
En 2013, le chiffre d’affaires en médicaments en ville s’est élevé à 20,6 milliards d’euros (en prix fabricant hors taxes), soit – 2,4 % par rapport à 2012, après – 2,3 % en 2012 et +0,3 % en 2011. Le marché des médicaments remboursables a vu son chiffre d’affaires décroître de 2,3 % entre 2013 et 2012, alors que les volumes enregistrent une évolution quasi stable de + 0,3 %.
Le marché hospitalier a, quant à lui, progressé de + 0,8 %, et les exportations de médicaments de 4 %, soit un montant global des exportations de 26,3 milliards d’euros. Les exportations retrouvent ainsi les grandeurs de 2008 à 2010, après une année 2011 marquée par une dégradation de la conjoncture des pays acheteurs de médicaments. Pour l’année 2013, le solde de la balance commerciale de médicaments s’établit à près de + 9 milliards d’euros (contre + 7 milliards d’euros en 2012), le solde de la balance commerciale nationale, quant à lui, est en baisse, à – 61,2 milliards d’euros.
« Parmi les grands marchés mondiaux, et plus particulièrement parmi les cinq grands acteurs européens du médicament, la France est le seul pays qui continue d’afficher une décroissance du chiffre d’affaires médicament remboursable en 2013 », constate ainsi le Leem rappelant que « la France continue de faire porter, chaque année, sur les industriels du médicament, l’essentiel des économies opérées sur les dépenses d’assurance maladie (50 % des économies sur le poste médicament, qui ne représente pourtant que 15 % des dépenses) ».
Des effectifs en baisse, pour la 5ème année consécutive
Globalement, le secteur atteint un effectif de 100 968 personnes en 2012 (101 926 en 2011). On sait que l’emploi de l’ensemble de la chaîne du médicament est d’environ 300 000 (étude Cemka, juillet 2006 complétée). D’après l’Unedic, l’industrie pharmaceutique représente 3 % de l’emploi industriel en France.
« Pour la cinquième année consécutive, elle a connu une baisse de ses effectifs en 2012, et le risque d’une aggravation de la situation dans les années à venir existe, dans les entreprises du secteur et chez leurs sous-traitants, dans la mesure où de nombreuses restructurations ont été annoncées depuis 2009, dont les conséquences sur l’emploi seront visibles sur les effectifs 2013 et 2014 », estime le Leem. La décroissance de l’emploi devrait atteindre -2,1 % en 2013, faisant passer les effectifs salariés sous la barre des 100 000 personnes.
Fait nouveau, les emplois de production sont, désormais, eux-aussi affectés. « Les investissements productifs dans le médicament, en France, ont d’ailleurs baissé de 44 % ces quatre dernières années », note le Leem.
Par ailleurs, le secteur du médicament devrait connaître plus de 14 500 départs à la retraite d’ici 2020 (14 % des effectifs), auxquels s’ajoutent près de 23 800 départs (22,9 %) liés au turnover naturel. Cela pose la question du renouvellement des effectifs à terme, qui sera fonction de la santé économique du secteur en France. Paradoxalement, dans un contexte actuel de baisse des effectifs, les entreprises du médicament rencontrent des difficultés de recrutement pour certains métiers en R&D ou en production ou pour les diplômes de pharmacien ou médecin, où une pénurie d’emploi est à craindre. « Ces difficultés existent alors que le secteur connaît des évolutions rapides, économiques, technologiques et réglementaires, dans un environnement fortement concurrentiel », souligne le Leem.
« Identifiée comme un secteur stratégique par le chef de l’Etat, l’industrie du médicament voit son dynamisme sapé par un alourdissement massif du poids des mesures de régulation et de fiscalité, analyse Patrick Errard, président du Leem. Après une année 2013 marquée par un recul inédit de l’emploi industriel dans notre secteur, et par un recul tout aussi alarmant des investissements productifs, la France doit – de toute urgence – se doter d’un nouveau modèle de régulation. Un modèle équilibré, qui permette à la France, comme le font ses grands compétiteurs européens, de réunir les conditions de la visibilité, de la lisibilité et de la prédictibilité pour les industries de santé. »
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Source : Leem