Le bilan 2016 des entreprises du médicament en France
Le Leem vient de publier l’édition 2017 de son bilan économique des entreprises du médicament en France. En 2016, celles-ci ont généré plus de 54 milliards € de chiffre d’affaires (CA exprimé en prix fabricant hors taxes) dont 47 % à l’exportation. Le marché pharmaceutique français (ville, hôpital, médicaments remboursés et non remboursés – hors exportations) affiche à nouveau, une croissance positive (+ 3 %).
Le chiffre d’affaires des médicaments en ville s’est élevé à 20,3 milliards d’euros (en prix fabricant hors taxes), soit + 0,1% par rapport à 2015, ce qui constitue une très légère croissance après quatre années consécutives de baisse. Le marché des médicaments remboursables a vu son chiffre d’affaires rester stable entre 2015 et 2016, tandis que les volumes ont enregistré un léger recul de 0,2 %. Les médicaments non remboursables représentent, quant à eux, un marché de 2,1 milliards d’euros, en progression de 1,7 %, tandis qu’en unités ce marché diminue de 1,3 % par rapport à 2015.
Le marché hospitalier a progressé de 7,5 % par rapport à 2015. Cette croissance est en partie portée par les médicaments en atu (autorisation temporaire d’utilisation) et en post-atu, un segment particulièrement dynamique en 2016, et qui marque l’arrivée d’une nouvelle vague d’innovation, notamment dans le domaine de l’oncologie.
Les exportations de médicaments enregistrent une croissance de 0,8%, soit un montant global de 25,8 milliards d’euros. « Cette légère reprise ne doit pas faire oublier le contexte dans lequel s’inscrit ce marché depuis quelques années : prix français des médicaments en baisse, alors que ceux-ci sont utilisés comme prix de référence dans de nombreux pays, perte d’attractivité de la France pour la production des nouveaux produits et développement de la fabrication locale dans les pays émergents », souligne le Leem dans son bilan.
Alors que la balance commerciale nationale fait face à un très lourd déficit (– 48,1 milliards d’euros),
la balance commerciale de médicaments s’établit à 7,6 milliards d’euros, soit une faible augmentation : + 0,3% par rapport à 2015. Le médicament est le 4e plus gros contributeur à la balance commerciale.
« Un retour de la croissance en trompe-l’œil »
En 2016, le marché pharmaceutique français (ville, hôpital, médicaments remboursés et non remboursés – hors exportations) affiche à nouveau, une croissance positive (+ 3 %). Pour le Leem, « c’est ce qu’il convient d’appeler une fausse bonne nouvelle ». En effet, malgré cette légère reprise, la France ne parvient pas à combler son retard sur ses voisins européens. Le marché pharmaceutique français demeure, avec l’Espagne, en bas de classement derrière l’Allemagne ( + 4 %), le Royaume-Uni (+ 5 %) et l’Italie (+ 6 %). « Et il faut noter qu’une fois déduites les remises payées par les industriels, la croissance du CA des médicaments remboursés n’est que de 0,9 % d’après le baromètre Bipe-Gers », poursuit l’organisation.
À l’échelle mondiale, la part de marché pharmaceutique de la France diminue de manière significative : elle représentait 5,6 % en 2006 et ne représente plus que 3,4 % en 2016. La France demeure, en 2016, le cinquième marché mondial derrière les Etats-Unis, la Chine, le Japon et l’Allemagne, et le deuxième marché européen derrière l’Allemagne, mais voit sa part de marché reculer de 2,2 points en dix ans. Une étude QuintilesIMS, publiée en décembre 2016, confirme cette tendance : à horizon 2021, la France perdrait deux places, se faisant dépasser par l’Italie et le Royaume-Uni (Outlook for Global Medecines Through 2021).
« Secteur stratégique par sa contribution à l’emploi, à la croissance et à la balance commerciale, l’industrie pharmaceutique sort lessivée de trois années de régulation du médicament à 0 %, analyse notamment Patrick Errard, président du Leem. La pression mise sur le prix des médicaments, l’environnement normatif inflationniste et le poids de la fiscalité générale et sectorielle ne sont pas que des freins aux investissements productifs. Ils altèrent dangereusement l’accès précoce des patients aux soins innovants. Tourner la page de cette politique de régulation-rabot n’est plus un souhait, c’est un impératif. Confrontée au défi de l’innovation dans un contexte de compétition internationale accrue, notre industrie a besoin, pour se développer, d’une politique de santé réformatrice, ambitieuse qui accepte de considérer l’innovation thérapeutique non plus comme un coût, mais comme un investissement, une chance pour la santé de nos concitoyens et de notre économie. »
Consulter l’intégralité du bilan économique des entreprises du médicament en France sur le site du Leem
Source : Leem