Le Leem propose un « pacte industriel » aux pouvoirs publics pour juguler la baisse des effectifs
Le Leem a dévoilé jeudi le contenu de deux études prospectives sur l’avenir de la production des médicaments en France. Selon l’organisation professionnelle, les emplois de production présentent un risque pour la période 2015 – 2020. Le Leem réclame ainsi aux pouvoirs publics la mise en place d’actions politiques et industrielles afin de juguler la possible réduction des effectifs de production.
La première étude, menée par le cabinet Roland Berger, dresse l’état des lieux de la production des médicaments en France et explore les leviers de relance. La France présente plusieurs atouts : un tissu de 224 sites de production couvrant de nombreuses technologies, une capacité à gérer la complexité industrielle, un transfert de compétences réussi vers les sous-traitants, une position de leader sur les vaccins et la présence de quelques sites dans le champ prometteur des biotechs (insulines et produits dérivés du sang), une contribution importante à la balance commerciale (en moyenne, plus de 6 milliards d’excédents par an)…
Dans le même temps, cette industrie recèle des points de fragilité :
– un positionnement sur des spécialités sous forme sèche, en phase de maturité (2/3 des références produites en France correspondent à des médicaments sur le marché depuis 18 ans en moyenne), à perspectives de croissance limitées, faisant peser un enjeu de maintien de la production actuelle et de renouvellement du portefeuille sur le territoire (aucun des nouveaux médicaments enregistrés au niveau européen en 2011 n’est produit en France) ;
– un contexte structurel de surcapacité de production mettant particulièrement sous pression les sous-traitants industriels ;
– des conditions de réussite internes et externes restant à réunir pour orienter l’activité vers les productions d’avenir.
« Un emploi industriel menacé, sauf mesures volontaristes »
Le cabinet Arthur D. Little a, pour sa part, réalisé une étude prospective sur l’emploi dans la production pharmaceutique en France à 10 ans. Elle s’appuie sur les résultats provisoires du Contrat d’étude prospective (CEP) des industries de santé.
L’étude révèle que les emplois de production dans le secteur du médicament à usage humain présentent un risque pour les années à venir. Du fait, notamment, de la pression sur les prix et sur la prise en charge des médicaments, du renforcement de la pénétration des génériques, de l’effet d’attraction industrielle des pays émergents, ou encore de l’évolution des modèles organisationnels de la R&D. En conséquence, l’évolution des effectifs de production à horizon 2015 et 2020 a été évaluée en fonction de deux scenarii différents :
– Dans le scénario « contraint », les auteurs de l’étude estiment que la baisse des emplois de production « aura plutôt tendance à s’accélérer de 2015 à 2020 dans une sorte d’emballement délétère de la perte de compétitivité du territoire, comme le connaissent d’autres industries ».
– A l’inverse, dans le scénario « volontariste », ils projettent que « la baisse restera limitée et se stabilisera de 2015 à 2020, signant la réussite des sites du territoire à endiguer une baisse programmée des volumes vendus sur le marché intérieur, et à se repositionner sur de nouveaux volumes de production ».
Le Leem plaide pour un « pacte industriel »
Pour le Leem, seule la mise en place d’actions politiques et industrielles favorisant l’attractivité de la France sur la scène mondiale sera à même de juguler la réduction des effectifs de production. « C’est ce volontarisme qui nous a permis, ces dernières années, de contrarier les scenarii les plus pessimistes sur l’évolution de l’emploi dans notre industrie », estime son président, Christian Lajoux. « Seule une démarche volontariste et collaborative entre les industriels, le régulateur et les pouvoirs publics pourra garantir le maintien de la production pharmaceutique sur le territoire national. » L’organisation professionnelle appelle l’ensemble des acteurs du système, tant industriels que politiques et institutionnels, à un « choc de conscience », et à la mise en oeuvre, au travers d’un « pacte industriel », de mesures concrètes permettant à la fois de conforter la production pharmaceutique existante et de soutenir la production de solutions de santé d’avenir.
Enfin, Le Leem appelle les pouvoirs publics au dialogue et estime que ces mesures doivent être envisagées à court terme. « Ce dialogue, qui se poursuit depuis 2005 au sein du Conseil stratégique des industries de santé (CSIS), doit permettre d’établir une stratégie sectorielle permettant de concilier les contraintes budgétaires sur les systèmes de santé et l’enjeu lié à la valeur économique et sociétale de la production pharmaceutique en France », plaide le Leem.
Source : Leem