Le marché pharmaceutique de ville toujours en récession sur 2013
Le marché pharmaceutique de ville français est en récession pour la 2ème année consécutive, selon les résultats de l’étude Intelligence.360 d’IMS Health. Évalué à 20 milliards d’euros en prix fabricant hors taxes, il affiche ainsi une récession de plus de 2 % en valeur et une stagnation en unités.
« Cette récession s’explique principalement par les baisses de prix décidées par le gouvernement dans le cadre de la Loi de financement de la sécurité sociale pour 2013 », constate le cabinet. Le taux de pénétration des génériques au sein du répertoire est demeuré élevé en 2013, aux environs de 80 %. Des pertes de brevets sont encore attendues, même si elles seront moins nombreuses qu’au cours des dernières années. Des évolutions du répertoire pourraient intervenir à la suite de l’avis de l’Autorité de la concurrence sur le paracétamol.
L’hôpital a affiché une croissance inférieure à 1 % en 2013, pour un chiffre d’affaires à prix réels de 6 milliards d’euros, les ventes à prix officiels avoisinant les 8 milliards d’euros. Claude Le Pen, professeur d’économie de la santé et consultant pour IMS Health, explique « qu’un peu moins de la moitié de ces achats sont financés sur la « liste en sus », dite liste DMI-MO (dispositif médical implantable-médicament onéreux), qui permet aux hôpitaux d’obtenir des financements particuliers pour acheter ces produits, constitués pour moitié d’anticancéreux ».
Enfin, toujours sur le marché français, le segment de l’automédication, définie comme la part des produits de prescription médicale facultative (PMF) achetée sans ordonnance, a connu une croissance faible mais positive en 2013 (1%). En revanche, la prescription médicale de ces produits de PMF a fortement diminué (-6%). Elle avait été gonflée en 2012 par le déremboursement de produits comme le Tanakan®.
Une nouvelle année de baisse attendue en 2014
En 2014 (et probablement en 2015), le marché français de ville devrait à nouveau enregistrer une baisse de l’ordre de 2 %, conduisant à une situation inédite de quatre années de récession… C’est la conséquence directe des mesures votées dans le cadre de la LFSS (2) pour 2014, notamment de nouvelles baisse de prix, « l’optimisation » des prescriptions et la « rationalisation » achats hospitaliers : au final, les mesures de régulation devraient à nouveau dépasser le milliard d’euros.
Pour 2015, Claude Le Pen estime que la situation dépendra de l’effort supplémentaire que le gouvernement demandera à la santé : « L’ONDAM (3), qui était cette année à 2,4 %, pourrait être inférieur à 2 % l’an prochain. Cela impliquerait de trouver plus 1 milliard d’euros d’économies supplémentaires s’ajoutant aux 2,4 Mds trouvés en 2014 ». Si la contribution du médicament est difficile à estimer à l’heure actuelle, il estime « que les baisses de prix ne sont pas éternellement reproductibles ».
Le métier de pharmacien à un tournant
Après la signature de la Convention avec les pharmaciens d’officine en Avril 2012 qui a introduit la rémunération à la performance, l’année 2013 a été dominée par les négociations sur la nouvelle marge officinale (avec un élément forfaitaire) et sur la rémunération des « nouvelles missions » définies par la loi HPST (4). Claude Le Pen note que « le métier de pharmacien est à un tournant. L’assurance-maladie cherche à déconnecter la rémunération du pharmacien de son CA et à promouvoir les services aux patients. Les syndicats sont préoccupés de trouver des compensations aux baisses de marges consécutives au tassement des ventes de médicaments ». Une convergence d’intérêt est donc possible même si certains désaccords subsistent notamment en ce qui concerne les effets redistributifs des nouvelles marges en fonction des caractéristiques des officines.
Biosimilaires : vers la substitution en France ?
La France a adopté à l’occasion du vote de la LFSS pour 21014 une législation pratiquement unique au monde pour la substitution en officine des produits dits « biosimilaires », c’est-à-dire la copie de produits biologiques hors brevet. La législation européenne a défini pour ces produits un cadre légal différent de celui des génériques, avec notamment la nécessité de produire des preuves d’efficacité clinique à l’enregistrement. L’enjeu est important, le marché des produits biologiques étant estimé à 7 Mds€ en 2013. Vincent Bildstein souligne toutefois que, « si le chantier est ouvert, les mesures annoncées suscitent un grand nombre de questions et que beaucoup d’éléments restent à préciser : liste des produits concernés, obligations des médecins et des pharmaciens, incitations à la substitution pour les pharmaciens… ».
Source : IMS Health (Etude Intelligence.360)