Médecins du Monde part en campagne contre le prix des médicaments
Médecins du Monde a lancé lundi 13 juin une campagne d’affichage choc pour dénoncer le prix des médicaments. Avec cette initiative, l’ONG souhaite « faire pression sur les pouvoirs publics afin qu’ils régulent davantage le prix des traitements » et réclame « la transparence des coûts de recherche & développement et un modèle alternatif au brevet pour financer l’innovation thérapeutique ».
« Généralement, les autorités qui fixent le prix d’un médicament acceptent de s’aligner sur les exigences des firmes pharmaceutiques. Ces derniers déterminent le prix en fonction de la capacité des États à payer pour avoir accès au traitement. Plus un État est riche, plus le prix sera élevé », dénonce Médecins du Monde dans un communiqué.
L’ONG revient notamment sur la mise sur le marché du sofosbuvir, le premier des antiviraux à action directe efficace contre l’hépatite virale C. « Le traitement de 12 semaines est en effet vendu 41 000 euros par patient alors qu’il ne coûterait que 100 euros à produire, selon une étude du chercheur Andrew Hill », indique Médecins du Monde. Également dans le viseur de l’ONG, les traitements contre le cancer. « Le Glivec, un traitement contre la leucémie, est aujourd’hui vendu 40 000 euros par an et par patient pour un coût de production estimé à seulement 200 euros. Le Keytruda, un traitement contre le mélanome, est annoncé à un prix de 100 000 euros par an et par patient », poursuit l’ONG.
« Un dispositif de guérilla marketing »
Selon le Docteur Françoise Sivignon, Présidente de Médecins du Monde, «ces prix exorbitants ne pourront bientôt plus être pris en charge par la sécurité sociale. Demain, qui pourra payer de telles sommes pour se faire soigner ? La mainmise de l’industrie pharmaceutique sur le système de la brevetabilité doit cesser. Les autorités laissent les laboratoires dicter leurs prix et abandonnent leur mission, celle de protéger la santé des populations. Il est maintenant temps que Marisol Touraine agisse en ce sens : ce n’est pas au marché de faire la loi, c’est à l’Etat. »
La campagne se décline en douze visuels prenant pour angle la rentabilité des maladies : « Une leucémie c’est en moyenne 20 000% de marge brute », « Bien placé, un cancer peut rapporter jusqu’à 120 000 euros. », « Le mélanome c’est quoi exactement ? C’est 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires. » Médecins du Monde affirme par ailleurs s’être vu refuser la campagne par l’ensemble des réseaux d’affichage. L’ONG a ainsi mis en place « un dispositif de guérilla marketing » avec de l’affichage sauvage, du web, du social media mais également une présence dans les grands quotidiens nationaux. L’ONG invite le public à se rendre sur le site internet www.leprixdelavie.com afin de signer une pétition, adressée à la Ministre de la Santé Marisol Touraine pour faire baisser le prix des médicaments.
Le Leem dénonce une « campagne mensongère »
Le Leem a réagi lundi à la campagne de Médecins du Monde sur la thématique du prix des médicaments, dénonçant notamment une « campagne mensongère », des « propos caricaturaux et outranciers ». Dans un communiqué, le syndicat professionnel qui représente les industriels du médicament en France indique que « les dépenses de médicaments sont aujourd’hui la partie la mieux maîtrisée de l’ONDAM » et « que le médicament contribue, bien au-delà de ce qu’il représente dans les dépenses de santé, au montant des économies prévues annuellement dans la Loi de financement de la sécurité sociale (50 % des économies pour 15% seulement des dépenses) ». Le Leem indique également « que le chiffre d’affaires des entreprises du médicament a diminué sur les 5 dernières années », « que en 2016 -comme d’ailleurs en 2015-, le taux d’évolution des dépenses de médicaments votées par le Parlement s’établit à -1 % ».
S’agissant du prix des médicaments innovants, le Leem rappelle que le prix de ces médicaments est fixé par le Comité économique des produits de santé à l’issue de négociations avec les industriels. Un prix principalement fixé en « fonction de l’évaluation des produits par deux commissions administratives indépendantes » et qui « repose avant tout sur le bénéfice thérapeutique ajouté par le nouveau médicament ». Le Leem met également en avant que le prix doit prendre en compte « non seulement les coûts de recherche des nouveaux médicaments, mais également leur durée de mise au point (11,5 ans en moyenne) ainsi que les risques qui s’attachent à leur développement (seuls 7 % des médicaments entrant dans un essai clinique de phase 1 accèderont au marché) ». Il indique enfin que ce prix « permet les investissements futurs pour découvrir de nouveaux traitements dans l’intérêt des patients ». Le Leem souligne enfin que « le secteur pharmaceutique est l’un de ceux qui investit le plus dans les activités de R&D, avec un taux moyen de 15 % du chiffre d’affaires. Ce taux s’élève souvent au-delà de 30 % pour les entreprises les plus innovantes ».