Médecins: Sarkozy sort la pommade
Volte-face. Sans doute pour tenter de recoller les morceaux brisés après les erreurs de la campagne de vaccination contre la grippe A, Nicolas Sarkozy a annoncé, mardi 12 janvier lors de ses vœux au monde de la santé à Perpignan, avoir demandé au président du Conseil national de l’ordre des médecins, (Cnom), le Dr Michel Legmann, de faire un « état des lieux » de la médecine libérale et de lui faire des propositions à la fin de mars pour la « refonder ».
« Je souhaite confier une mission d’état des lieux et de propositions à une personnalité reconnue, le Dr Michel Legmann. Il faut inventer un nouveau modèle de soins de premier recours, qui fasse toute sa place à la médecine libérale, un modèle attractif« , a jugé le chef de l’Etat.
Parmi les « orientations » proposées au Dr Legmann, qui devra rendre ses propositions fin mars, Nicolas Sarkozy a notamment estimé qu’il fallait « simplifier la vie des praticiens », et favoriser l’effort de formation des médecins », les autoriser à exercer dans des maisons de santé, les centres de soins ambulatoires et « faciliter leur mobilité”. Il a aussi insisté sur « la coopération avec les autres professionnels de santé ». « Les pharmaciens d’officine, les infirmières libérales sont une composante de l’offre de soins de premier recours. Les médecins généralistes ont intérêt à partager le premier recours avec ces autres professions”.
Morale de l’histoire. Les élections ont ceci de bon qu’elles ne sont jamais gagnées d’avance. Bon connaisseur de l’opinion publique, Nicolas Sarkozy s’est soudain rappelé que les médecins libéraux avaient quelques facultés de persuasion sur leurs patients et que la proximité des élections régionales, assez délicates pour la majorité, valait bien que l’on sortît la pommade pour tenter d’effacer plaies et bosses faites aux praticiens après la triste affaire de la campagne de vaccination contre la grippe A. On se souvient que pour des motifs un peu fumeux, les médecins généralistes et les pédiatres avaient été exclus du dispositif, exclusion qu’ils avaient très mal vécue, estimant même avoir été “humiliés”. La machine arrière du gouvernement ne les a d’ailleurs pas tout à fait consolés: le droit qui leur est accordé de vacciner désormais dans leur cabinet ne les satisfait pas vraiment.
Mais la brouille entre les médecins et le pouvoir n’est pas passée inaperçue: le chef de l’Etat s’est rappelé qu’aux élections législatives de 1997, la droite avait payé au prix fort le coût politique des sanctions que le plan Juppé entendait infliger aux médecins qui prescrivaient trop.
• Le Dr Michel Legmann a été élu président du Conseil national de l’Ordre des médecins le 28 juin 2007. Electroradiologiste libéral en cabinet et dans une clinique chirurgicale à La Défense, le Dr Michel Legmann est vice-président du Cnom depuis 1997 et maire-adjoint de Neuilly-sur-Seine. A ce titre, il passe pour être un proche de Nicolas Sarkozy, ancien maire de Neuilly-sur-Seine.
Hervé Karleskind
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