Mediator : Servier invoque une « responsabilité partagée » avec l’Etat

Ce week-end a donné lieu à une véritable passe d’armes entre le groupe pharmaceutique français et Xavier Bertrand. Dimanche, le laboratoire Servier a refusé d’assumer seul l’indemnisation des victimes du Mediator, ce médicament qui aurait fait entre 500 et 2.000 morts en France. Une réponse au ministre de la Santé, qui, dans une interview au Journal du Dimanche, rejetait la dernière offre présentée par Servier, lui demandant d’indemniser intégralement les victimes.

Xavier Bertrand a ainsi déclaré au journal que l’offre du laboratoire qui a commercialisé le Mediator était « inacceptable en l’état », car elle ne prévoie « toujours pas de réparation intégrale du préjudice ». « Or, a-t-il ajouté, ce n’est qu’à cette condition qu’ils pourraient demander aux victimes de renoncer à des poursuites devant les tribunaux comme ils en ont l’intention ». Le ministre de la Santé a sommé le laboratoire de « présenter une offre définitive d’ici la fin de la semaine » pour « éviter une situation de blocage incompréhensible ». Si cette nouvelle proposition n’était « toujours pas convenable, il sera alors temps d’envisager d’autres scénarios », a indiqué Xavier Bertrand.

« La responsabilité est partagée » selon Servier
Le laboratoire Servier a répliqué par la voix d’un porte-parole qu’il  refusait d’assumer seul l’indemnisation des victimes du Mediator et a invoqué une « responsabilité partagée entre l’Etat et le groupe pharmaceutique ». Ce lundi matin,  Hervé Témime, avocat du laboratoire Servier,  soulignait au micro d’Europe 1 « le rôle de l’Etat dans cette affaire, tout en se félicitant que des victimes envisagent de poursuivre l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) ». Cette passe d’armes intervient alors que Claire Favre, mandatée par le gouvernement pour trouver un terrain d’entente entre les victimes et les laboratoires, doit présenter lundi au cours d’une réunion du Comité de suivi un « nouveau dispositif aux associations de victimes qui seront seules juges », selon Xavier Bertrand. Le ministre n’a toutefois pas fourni de détails sur ce dispositif.

Les autorité sanitaires pousuivies par les victimes
LeFigaro.fr rapportait dimanche que des victimes du Mediator ont décidé de poursuivre aussi les autorités sanitaires. Selon leur avocat, le laboratoire Servier n’est pas le seul en cause dans le scandale du Mediator. Les victimes dénoncent ainsi les « carences conjointes de l’Afssaps, de la Haute Autorité de santé et du ministre de la Santé qui n’ont pas retiré, dès les premières alertes, un produit dangereux », indique Le Figaro. La famille d’une des victimes a fait une « demande d’indemnisation préalable » au ministère de la Santé. Mais pourrait recourir à la justice si elle n’obtient pas satisfaction. Elle demande 750.000 euros à l’Etat, précise Le Figaro.

Source : Europe1, Le Figaro