Médicament : la confiance des Français progresse malgré les polémiques
Selon le 3ème baromètre Ipsos réalisé pour le Leem dans le cadre de l’Observatoire sociétal du médicament, la confiance des Français dans le médicament continue de progresser légèrement à 87 % en 2013 (vs 84% en 2012 et 82% en 2011) et cela malgré les polémiques et controverses à répétition qui secouent le secteur pharmaceutique.
Leur confiance est plus élevée dans les médicaments qu’ils prennent à titre personnel (92 %) et dans ceux qui bénéficient d’une « caution » : médicaments sur ordonnance (93%), médicaments remboursés (92%) ou médicaments de marque (88%). Le niveau de confiance dans le médicament est encore plus fort chez les médecins (94% en général et 99% dans les médicaments qu’ils prescrivent).
Ils sont 43% à déclarer prendre tous les jours des médicaments (hors pilule contraceptive) et ils sont 92% à estimer que les médicaments qu’ils prennent sont efficaces. L’efficacité des médicaments est d’ailleurs la première raison qu’ils citent spontanément pour justifier leur confiance (« ils sont efficaces », « ils donnent des résultats », « ils me soignent »…).
Ce n’est pas pour autant une confiance aveugle : 90% des Français et 100% des médecins savent que les médicaments sont des produits actifs qui présentent certains risques. Si les 2/3 estiment que leur médecin (64%) ou leur pharmacien (68%) leur donne suffisamment d’information sur les médicaments prescrits ou remis, la même proportion (64%) va chercher des informations supplémentaires sur les effets indésirables, les contre-indications, la posologie. Pour cela, ils consultent en priorité la notice (48%) et Internet (46%). D’ailleurs, 97% des Français, lorsqu’ils achètent pour la 1ère fois un médicament, lisent la notice (dont la moitié systématiquement et en détail) et regardent les informations sur la boîte.
Le patient remet parfois en cause l’ordonnance
La moitié des Français (51%) ont déjà parlé avec leur médecin de ce qu’ils ont lu sur Internet à propos de leurs symptômes ou de leur maladie (100% des médecins disent connaître ce type de situation). Le dialogue se transforme en une demande clairement assumée pour près des deux-tiers Français (62%), ceux-ci ayant déjà demandé à leur médecin de leur prescrire un médicament spécifique (situation vécue par 96% des médecins). Cela va parfois jusqu’à la remise en cause de l’ordonnance, 25% des patients ayant déjà manifesté leur désaccord sur sa prescription (situation vécue par 93% des médecins). Le fait de pouvoir discuter, débattre et mettre en question participe aussi du processus de confiance dans le médicament.
La multiplicité des acteurs de la chaîne du médicament rassure les Français
Au-delà de leur expérience personnelle, les Français expliquent en effet leur confiance dans les médicaments par le fait qu’ils s’inscrivent dans un système de production et de prescription régi par des professionnels compétents (29% de citations spontanées), où existent des procédures de contrôle et de vérification (26%). « La multiplicité des acteurs semble les rassurer par leur capacité à s’inter-réguler, voire se contrôler », note le Leem.
Une vision positive mais sans concession des entreprises du médicament
Les entreprises du médicament bénéficient d’une bonne image de la part des Français (63%, +3 points). Il s’agit du 2ème meilleur score d’image parmi neuf secteurs testés, derrière le bâtiment (70%), mais devant les télécoms (61%), l’automobile (56%), l’agro-alimentaire (53%), la grande distribution (50%), le nucléaire (36%), la banque-assurance (32%) et le pétrole (23%). Les médecins sont encore plus positifs : ils placent les entreprises du médicament en tête des secteurs (69% de « très bonne ou assez bonne image »), la banque-assurance figurant en queue (à 27%).
Cette image se révèle cependant sans concession dans le sens où les entreprises du médicament sont vues d’abord et avant tout comme des entreprises, c’est-à-dire des acteurs privés cherchant à faire du profit : 90% des Français et 96% des médecins estiment que les entreprises du médicament ont pour objectif de faire des profits ; 83% des Français et des médecins considèrent qu’elles ne font de la recherche que pour les médicaments financièrement rentables.
« Mais cette recherche de profit n’est pas forcément préjudiciable dans le sens où elle s’accompagne d’une réelle efficacité perçue », analyse le Leem. Ainsi, pour 75% des Français (92% des médecins), les laboratoires fournissent des médicaments de qualité ; pour 72% des Français (70% des médecins), ils sont innovants ; et pour 95% des Français (94% des médecins), ils jouent un rôle important dans la découverte de nouveaux traitements. In fine, les entreprises du médicament ont une réelle contribution médicale (75% des Français et 78% des médecins pensent qu’elles jouent un rôle important dans l’augmentation de l’espérance de vie), mais aussi une contribution économique puisqu’elles sont une source importante d’emplois aux yeux de 65% des Français et de 79% des médecins.
Autres résultats…
— Achat sur Internet : Autorisée pour les pharmaciens depuis le début de l’année 2013, la vente en ligne de médicaments sans ordonnance ne séduit pas encore les Français. Seuls 11% envisagent d’y recourir dans les prochains mois, alors que 80% des Français sont équipés d’Internet et que 77% des internautes ont déjà effectué des achats en ligne (selon Médiamétrie). Les médicaments contrefaits sont d’ailleurs perçus par 91% des Français et 74% des médecins comme une menace importante pour les années à venir. De la même manière, les Français soulignent leur besoin de réassurance d’un professionnel en matière d’automédication : ils sont 69% à demander conseil à leur pharmacien.
— Progrès : Les Français considèrent que les médicaments s’améliorent sans cesse. 77% jugent qu’ils se sont améliorés depuis 20 ans et qu’ils continueront de s’améliorer dans 20 ans.
— Composantes du prix : « La recherche et les essais cliniques » sont perçus comme le premier composant du prix des médicaments pour 70% des Français, loin devant « la rentabilité » (57%), « le coût de distribution » (47%), « le coût de fabrication » (37%), « les exigences de contrôle sur la sécurité » (31%) et « le coût de la promotion » (28%).