Médicaments Alzheimer: la HAS conclut à un intérêt thérapeutique faible
La Commission de la Transparence, en charge de l’évaluation des médicaments au sein de la Haute Autorité de Santé vient de révéler les résultats de sa réévaluation. Elle conclut à un intérêt thérapeutique faible des médicaments de la maladie d’Alzheimer et recommande de limiter leurs prescriptions à un an, renouvelable sous conditions strictes.
Quatre médicaments ont été réévalués : Ebixa (Lundbeck), Aricept (Eisai), Exelon (Novartis Pharma et Reminyl (Janssen Cilag). « Aucun des membres de la Commission de la Transparence qui a participé à la réévaluation ni aucun des quatre experts recrutés sur appel à candidature pour fournir un rapport d’expertise scientifique n’ont de lien d’intérêts avec l’une de ces firmes », indique la HAS.
Un service médical rendu faible
Le rapport entre l’efficacité de ces médicaments et leurs effets indésirables est jugé faible par la Commission de la Transparence :
– des effets au mieux modestes : une efficacité versus placebo principalement établie sur la cognition à court terme et dont la pertinence clinique reste discutable,
– un risque de survenue d’effets indésirables pouvant nécessiter l’arrêt du traitement (troubles digestifs, cardiovasculaires et neuropsychiatriques notamment),
– un risque accru d’interactions médicamenteuses du fait de la polymédication habituelle chez les patients âgés.
La Commission de la Transparence considère qu’il n’y a pas de différence de tolérance et d’efficacité entre les quatre médicaments et qu’ils n’apportent pas d’amélioration du service médical rendu.
Des conditions de prescription plus strictes
Les traitements de la maladie d’Alzheimer sont prescrits au patient pour une durée d’un an. Au bout de six mois, la poursuite du traitement doit faire l’objet d’une réévaluation attentive du médecin prescripteur. En effet, si le patient répond au traitement en atteignant les objectifs fixés (stabilisation ou ralentissement du déclin cognitif par exemple) et s’il n’a pas subi d’effet indésirable grave et/ou altérant sa qualité de vie, le traitement pourra être poursuivi jusqu’à un an.
Au-delà d’un an, la Commission de la Transparence recommande que le renouvellement du traitement soit décidé en réunion de concertation pluridisciplinaire réunissant le patient (si son état le permet), son aidant, le médecin traitant, le gériatre et le neurologue ou le psychiatre, afin d’assurer un suivi de qualité et personnalisé. Si ce groupe donne son accord et si l’efficacité a été maintenue, alors le traitement pourra être reconduit.
D’autres travaux en cours à la HAS
Afin d’améliorer la lisibilité de ce travail, la HAS va mettre en ligne une fiche de bon usage du médicament spéciale pour les médicaments de la maladie d’Alzheimer. Celle-ci reprend les principaux points qui permettront aux professionnels d’assurer une prise en charge médicamenteuse optimale de leurs patients.
Par ailleurs, l’actualisation des recommandations de bonne pratique sur la prise en charge de la maladie d’Alzheimer aboutira à leur publication d’ici la fin de l’année 2011. Ces recommandations, qui reprendront les conclusions de la CT sur les traitements médicamenteux, aborderont principalement le diagnostic et la prise en charge des malades et de leur entourage.
Consultez les vidéos des séances de la Commission de la Transparence et une interview du Pr. Gilles Bouvenot
Source : HAS