Médicaments: les Français ont confiance mais souhaitent être mieux informés
Le Leem a présenté lundi la 2ème édition de son Observatoire sociétal du médicament réalisée en janvier 2012 par Ipsos*. Malgré l’affaire Mediator, les Français réaffirment leur confiance dans les médicaments (84 %) mais souhaitent être mieux informés. Autre enseignement de ce sondage, en dépit d’un contexte peu favorable, les entreprises du médicament ont une image plutôt positive auprès d’une majorité de Français (60 %).
La confiance des Français dans les médicaments reste stable et forte à 84 % (+ 2 points par rapport à 2011), 16 % seulement (-1 point) ne leur faisant pas confiance. Cette confiance est d’ailleurs encore plus élevée s’agissant de leurs propres médicaments (94 %). Ces résultats sont comparables à ceux des autres pays occidentaux : la confiance dans les médicaments y est comprise entre 84 % et 93 % (84 % en Suède et en France, 85 % aux Etats-Unis, 90 % en Espagne, 92 % en Allemagne et 93 % au Royaume-Uni) et entre 89 % et 95 % pour leurs propres médicaments.
78 % des Français vont chercher des informations supplémentaires
Les Français souhaitent davantage d’informations sur les médicaments qu’ils prennent. Près de quatre Français sur dix (39 %) déclarent que les médecins ne donnent pas suffisamment d’informations sur les médicaments qu’ils prescrivent. Ainsi, 78 % des Français vont chercher des informations supplémentaires, en priorité (58 %) sur les effets secondaires. Ils vont généralement rechercher ces informations sur la notice (pour 59% des Français), sur Internet (53 %), et auprès de leur pharmacien (43 %). A noter que l’information trouvée sur Internet donne rarement satisfaction, « parce qu’on n’est pas sûr de sa qualité » ou « que les informations sont contradictoires ». Face à cette demande d’information, une majorité de Français (57 %) jugent utile d’avoir des outils sur leur téléphone portable pour gérer leur santé ou suivre leurs traitements.
L’ordonnance et le remboursement accroissent significativement cette confiance. 95 % des Français font confiance aux médicaments délivrés sur ordonnance, contre 70 % pour les médicaments sans ordonnance. De même, pour les médicaments remboursés (94 %) comparés aux non-remboursés (77 %). Dans une moindre mesure, la confiance est également plus élevée dans les médicaments de marque (90 %) que dans les génériques (78 %).
Une image plutôt positive auprès d’une majorité de Français
L’affaire Mediator est bien présente à l’esprit des Français. Ils en ont entendu parler, dans leur quasi-totalité (98 %) et ont compris ce dont il s’agissait (97 %). En dépit de ce contexte peu favorable, les entreprises du médicament ont une image plutôt positive auprès d’une majorité de Français (60 %). Elle est meilleure que celle d’autres secteurs (51% pour l’agro-alimentaire, 40 % pour la grande distribution, 25 % pour la banque-assurance, etc.), à égalité avec les télécommunications (61 %), derrière l’automobile (69 %) et le bâtiment (74 %).
Il s’agit d’une image contrastée. En positif, les Français soulignent l’efficacité de l’action des entreprises du médicament, considérées comme « fournissant des médicaments de qualité » (74 %), comme « jouant un rôle important pour l’espérance de vie » (73 %) et comme étant « innovantes » (69 %). En négatif, les Français acceptent mal le principe de profit pour ces entreprises privées alors qu’elles agissent dans le domaine de la santé (« plus soucieuses de leurs bénéfices que des malades », selon 80 % des Français). Ceux-ci sont partagés sur la vigilance des entreprises en matière de sécurité, très certainement en raison de l’affaire Mediator (« elles font attention à la sécurité des médicaments » : 52 %).
Un secteur perçu comme innovant
Le secteur est perçu comme étant en constante innovation. Pour 95 % des Français, les entreprises du médicament jouent un rôle important en matière de découverte de nouveaux traitements (27 % estimant ce rôle « plutôt important », 41 % « très important » et 27 % « primordial »). Par ailleurs, ils considèrent que les médicaments s’améliorent sans cesse : les trois-quarts (76 %) estiment qu’ils se sont améliorés depuis 20 ans et 78 % portent un regard optimiste en prévoyant qu’ils se seront encore améliorés dans 20 ans. Même regard positif pour la praticité des médicaments (72 % estiment qu’ils sont plus faciles à prendre), pour les effets secondaires (mieux maîtrisés selon 60 % des Français) ou pour leur efficacité (58 %).
L’opinion est plus partagée en matière de contrôle des médicaments, vraisemblablement du fait des crises sanitaires récentes : seule une courte majorité (51 %) juge que les médicaments sont mieux contrôlés qu’il y a 20 ans ; beaucoup plus (les deux-tiers, 66 %) pensent néanmoins qu’ils le seront davantage dans 20 ans. Même scepticisme en matière de risque : seuls 38 % estiment que les médicaments sont moins risqués qu’il y a 20 ans (19 % davantage et 43 % autant) ; mais une plus grande partie (50 %) pense qu’ils seront moins risqués dans 20 ans.
Les Français s’inquiètent de l’avenir de la qualité des soins
95 % d’entre eux citent comme menaces « l’augmentation des tarifs des mutuelles », le « déficit de la Sécurité Sociale (94 %), le « problème de la dette et du déficit public » (93 %), « la pénurie de médecins » (92 %), le « coût des nouveaux traitements » (91 %), « la contrefaçon de médicaments » (90 %) et le « déremboursement de certains médicaments » (88 %).
La santé est jugée comme un thème prioritaire mais insuffisamment abordée par les candidats à la Présidentielle. Le thème de la santé est jugé « prioritaire » ou « très important » par les trois-quarts des Français (76 %) dans le cadre de l’élection Présidentielle. Pourtant, les programmes des candidats dans le domaine de la santé restent mal connus du grand public : seuls 11 % des Français déclarent « bien » connaitre leurs propositions en matière de santé, 89 % les connaissant « mal ».
« Maintenir la confiance des Français dans le médicament implique de se mettre à l’écoute de leurs interrogations, estime Christian Lajoux, président du Leem. En dépit des jugements parfois caricaturaux portés contre notre industrie, cette étude montre que la société conserve une opinion positive sur nos produits et sur notre contribution au progrès thérapeutique. En revanche, elle montre qu’il persiste un décalage entre la perception des Français et la réalité de nos entreprises. Cette constatation nous conduit à pousser plus loin nos efforts d’information et de transparence ».
Source : Leem
* Etude réalisée entre le 20 et le 24 janvier 2012 par Ipsos auprès de son Access Panel on line (par Internet) en France, Allemagne, Suède, Royaume-Uni, Etats-Unis, Espagne auprès d’échantillons de 1000 individus représentatifs de la population nationale. Echantillons construits selon la méthode des quotas : sexe, âge et région (ainsi que la profession du chef de ménage, la taille du foyer et la catégorie d’agglomération pour la France).