Mélanome métastatique : une immunothérapie par anticorps monoclonal démontre un bénéfice
Une équipe internationale comprenant des auteurs de l’Institut Gustave Roussy (Villejuif) et de l’Hôpital Saint-Louis (Paris) a publié, dans le New England Journal of Medicine, les résultats d’un essai qui, pour la première fois, offre une lueur d’espoir aux patients atteints d’un mélanome de stade avancé ou métastatique, maladie au sombre pronostic (en France, on estime que 1570 décès seront dus au mélanome en 2010).
Développée par Bristol-Myers Squibb, la molécule étudiée est un anticorps monoclonal appelé ipilimumab. Son mode d’action consiste à bloquer une voie de signalisation associée à une molécule située en surface des lymphocytes T (antigène du lymphocyte T cytotoxique 4 ou CTLA-4) et, ainsi, à stimuler la réponse de certaines cellules du système immunitaire face au mélanome.
L’essai a impliqué 676 patients qui ont été répartis en trois groupes : le premier n’a reçu que l’ipilimumab, le deuxième a reçu la molécule en combinaison avec un vaccin, appelé gp100, dont on a démontré qu’il augmentait la réponse immunitaire sans activité antitumorale avérée, le troisième n’a reçu que le vaccin.
Le critère principal de jugement était la survie globale : pour le premier groupe, la médiane était de 10,1 mois, pour le second de 10 mois et, pour le troisième, de 6,4 mois (la médiane de survie signifie que 50% des patients sont encore vivants après cette durée). Une analyse statistique plus fine montre que 23,5% des patients du premier groupe étaient encore vivants après 24 mois de traitement.
La toxicité de l’ipilimumab n’est pas négligeable : comme l’indiquent les auteurs de l’étude, « les effets secondaires peuvent être sévères, de longue durée, voire les deux à la fois, mais la plupart sont réversibles à l’aide de traitements appropriés » (au cours de l’essai, 14 décès reliés aux médicaments ont été observés, dont 7 étaient associés à des événements de nature immunitaire).
Une différence de 4 mois n’est peut-être pas spectaculaire, mais elle a de l’importance pour les patients qui, dans cette étude, étaient à un stade très avancé de la maladie et étaient en échec thérapeutique. On peut d’ailleurs espérer que le bénéfice observé sera plus grand lorsque le traitement sera administré plus tôt dans l’évolution de la maladie.
Pour en savoir plus : New England Journal of Medicine, 5 juin 2010 – Improved Survival with Ipilimumab in Patients with Metastatic Melanoma
Source : INCa