Pandémie grippale: le syndrôme canicule
La canicule de 2003 avait été fatale au ministre de la Santé de l’époque le Pr Jean-François Mattei. Ministre, autorités de santé, médecins : tous les acteurs de monde la santé avaient été pris de court par l’ampleur de cette catastrophe sanitaire. Il y a aujourd’hui tout lieu de parier que ce scénario dramatique ne se produira plus : la pandémie de grippe A/H1N1 est, pour l’heure, strictement maîtrisée.
Question : en fait-on trop ? Assurément non. Car aujourd’hui la politique de prévention a énormément progressé, au risque d’une saturation médiatique toujours possible. L’opinion est-elle en effet toujours réceptive aux messages institutionnels sur la pandémie ? Difficile à dire. Quoiqu’il en soit, aucun « répit estival » n’a, pour l’instant, été observé dans la progression de grippe A/H1N1 en France, a affirmé la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, dans un entretien au « Parisien » paru lundi. « L’été est normalement moins favorable à la contamination par le virus mais, contrairement à ce que nous espérions, nous n’enregistrons pas, pour le moment, de répit estival ».
Plusieurs scénarios ont été étudiés, tous concordants sur une progression de la pandémie à l’automne, saison propice à l’apparition de la grippe. C’est donc dans ce sens que les autorités sanitaires vont travailler durant l’été, en veillant à ne pas « passer à côté » de l’événement, comme cela s’était produit durant l’été 2003 : on se rappelle en effet les maladresses de communication -le ministre filmé dans son jardin, annonçant la mise en place d’un numéro vert…- Cette fois, le ministère et les autorités de santé jouent sur le registre de la transparence et de la « communication-vérité », comme d’ailleurs le font les ministères concernés par la crise économique, financière et sociale.
Efficace ? Sans doute : les Français sont peu ou prou convaincus que l’on ne leur ment plus et que l’on ne leur cache plus rien. C’était nettement moins vrai voici quelques années.
Sur le front politique, sauf accident de parcours majeur toujours à redouter, la ministre de la Santé est donc sortie vainqueur de deux épreuves difficiles : la mise en place du dispositif de la lutte contre la pandémie grippale et le vote de la loi HPST. La seconde partie du test n’était pas la plus facile : toutes les parties prenantes au projet -y compris l’entourage élyséen- avaient sorti leurs fusils de chasse. Bredouilles… Reste maintenant à convaincre les médecins de « repiquer au truc », c’est-à-dire d’accepter le renouvellement du bail conventionnel : et çà, c’est coton. Avec les médecins, rien n’est jamais simple…
Hervé Karleskind © HKconseils. com