Parkinson : un médicament pour traiter les symptômes et la maladie
L’équipe de Olivier Rascol (Inserm/CHU Toulouse), en collaboration avec celle de Warren Olanow (USA) et du laboratoire TEVA (Israël) vient de montrer dans l’essai ADAGIO qu’un médicament antiparkinsonien, la rasagiline, ne se contente pas seulement de lutter contre les symptômes mais freine aussi leur progression. Ces travaux sont publiés dans The New England Journal of Medicine.
Deuxième cause de handicap d’origine neurologique chez les personnes âgées, la maladie de Parkinson touche près de 150 000 personnes en France. S’il existe des médicaments qui atténuent les symptômes de celle-ci, aucun n’a encore prouvé sa capacité à ralentir l’aggravation progressive et inexorable de la maladie.
La maladie de Parkinson résulte de la dégénérescence, dans le cerveau, des neurones dopaminergiques. La détérioration de ces neurones, impliqués dans les activités motrices, explique ainsi par exemple les tremblements, raideurs caractéristiques de l’affection. Afin de pallier aux symptômes de la maladie de nombreuses substances dites « dopaminergiques » sont employées. Parmi elles, la rasagiline. Prescrite lorsque les manifestations extérieures deviennent trop handicapantes, elle possèderait en outre d’autres qualités.
C’est la conclusion à laquelle vient de parvenir l’équipe coordonnée par Olivier.Rascol, au terme d’une étude de 18 mois portant sur 1200 patients. Les investigateurs de l’étude ont scindé la cohorte de patients en différents groupes, certains traités dès le début, durant 18 mois, d’autres seulement pendant les 9 derniers mois de l’étude. Ils ont ensuite suivi l’évolution des patients afin de mesurer par des tests l’aggravation de la maladie au fil du temps.
Si le médicament ne jouait que sur les symptômes à court terme et non pas réellement sur la dynamique d’aggravation de la maladie (ex. :l’aspirine ne guérit pas la grippe mais influe sur le symptôme de douleur), les deux groupes auraient du obtenir des résultats identiques en fin d’étude. Un résultat différent a pourtant été enregistré. Au terme des 18 mois, le groupe traité plus tôt a obtenu de meilleurs résultats que le groupe traité plus tard. Une telle observation ne peut avoir qu’une signification : sur ce groupe, durant les 9 premiers mois, la rasagiline a eu un effet de fond, ralentissant la progression du handicap.
Ces conclusions soulèvent pour Olivier Rascol la question du moment optimal de l’initiation du traitement chez un patient atteint de la maladie de parkinson. Alors que cette étude montre qu’un traitement initié plus précocement apporte un avantage ultérieur, les recommandations officielles incitent actuellement à attendre que les symptômes deviennent suffisamment gênants pour traiter les patients. L’auteur souligne par ailleurs qu’il faut désormais approfondir la compréhension des mécanismes expliquant l’avantage du traitement précoce et mieux en apprécier l’importance pratique dans la prise en charge à long terme des malades, en particulier en continuant à suivre les malades de la cohorte ADAGIO.
A Double-Blind Delayed-Start Trial of Rasagiline in Parkinson’s Disease
C Warren Olanow M.D.,*, Olivier Rascol M.D., PhD*, Robert Hauser M.D., Paul D Feigin PhD., Joseph Jankovic M.D., Anthony Lang M.D., William Langston M.D., Eldad Melamed M.D., Werner Poewe M.D., Fabrizio Stocchi M.D., Eduardo Tolosa M.D, NEJM Octobre 2009
Source : Inserm