Sativex® : l’Académie de médecine met en garde sur les risques et les dérives
L’Académie de médecine a mis en garde mardi les patients et les médecins prescripteurs contre les risques et les dérives associés à la prise du Sativex®. Ce spray buccal, dérivé du cannabis, qui vient de recevoir une autorisation de mise sur le marché (AMM), est utilisé chez certains patients atteints de sclérose en plaques, pour soulager les contractures sévères résistantes aux autres traitements.
Par ses deux principes actif, le tétrahydrocannabinol (THC) et le cannabidiol (CBD), il agit sur des symptômes qui, insuffisamment soulagés par les médicaments disponibles, altèrent gravement la qualité de vie. Toutefois l’Académie met en garde ces patients et les médecins prescripteurs contre « les effets adverses avérés du THC, notamment au plan psychique ».
L’Académie souligne que le THC est «un agent toxicomanogène, générateur d’une dépendance psychique et physique». Elle pointe également qu’il faut attendre « près de 8 semaines pour ne plus retrouver de dérivés cannabinoïdes dans les urines du consommateur, ce qui est une situation exceptionnelle pour un médicament ». En outre, son action « de longue durée, faciliterait le développement d’une tolérance ainsi que d’une addiction, « incitant à accroître la dose », estime-t-elle.
L’Académie met aussi en garde dans son communiqué contre les « interactions médicamenteuses nombreuses et gênantes. « Le THC potentialise les effets de l’alcool, des benzodiazépines et d’autres sédatifs et/ou hypnotiques, y compris le reliquat matinal de certains de ces derniers. Il est incompatible avec la conduite automobile, qu’il soit administré isolément ou plus encore en association aux agents précédents », poursuit-t-elle.
Enfin, elle évoque des « effets indésirables graves » et ses relations avec « le développement de troubles anxieux et dépressifs ». Selon elle, l’usage chronique du THC aboutit à « une diminution marquée des capacités intellectuelles ».
L’Académie de médecine rappelle que l’autorisation de mise sur le marché (AMM) qui vient d’être accordée au Sativex « ne constitue nullement une légalisation du cannabis thérapeutique en France ». Utiliser la plante dans des préparations magistrales, tout comme fumer la plante (marijuana) pour soulager des douleurs restent interdits.
Enfin, l’Académie met en garde contre les risques de détournement d’usage du Sativex. « En effet, si le cannabis en spray ne devrait pas intéresser les fumeurs de joints, on peut craindre la multiplication de prescriptions hors AMM à divers usage comme sevrer les toxicomanes, atténuer les nausées des malades traités par chimiothérapie, rendre l’appétit aux malades atteints de SIDA, toutes indications largement plébiscitées dans l’opinion, mais dont il convient de rappeler qu’elles ne sont pas étayées par des études cliniques indiscutables », souligne-t-elle enfin.
Source : Académie de médecine