Un nouveau biomarqueur, pronostic de l’évolution du cancer du poumon
Des chercheurs du centre de recherche Saint-Antoine, Inserm-UPMC « Laboratoire de signalisation cellulaire et carcinogénèse » vient de mettre en évidence, en collaboration avec le service de chirurgie thoracique de l’Hôtel-Dieu à Paris (AP-HP), un nouveau biomarqueur, pronostic de l’évolution de la tumeur. Ces travaux sont publiés dans l’édition du 1er septembre de Clinical Cancer Research.
Le Dr Forgez et son groupe avaient préalablement mis en évidence que le récepteur principal d’une protéine d’origine gastro-intestinale, la neurotensine, retrouvé dans une forte proportion de tumeurs, favorisait dans certaines conditions la progression tumorale. Les chercheurs montrent aujourd’hui dans une série de 136 patients présentant un adénocarcinome pulmonaire de stade 1, que ceux dont les tumeurs expriment le récepteur principal à la neurotensine, ont un moins bon pronostic en termes de survie à 5 ans. L’activation de ce récepteur favorise en effet fortement la croissance des tumeurs et l’émergence de métastases. A stade égal de développement tumoral, la présence ou non de ce récepteur constitue donc un biomarqueur pronostic d’une évolution plus ou moins favorable.
La procédure de détection de ce récepteur est simple et peu coûteuse ; après la confirmation de ces résultats sur une série plus importante de patients, (étude actuellement menée par le même groupe) elle pourrait être utilisée en routine dans les laboratoires d’analyse biologique pour l’identification des patients à haut risque de récidive. Il s’agit de définir pour ceux-ci une prise en charge plus adaptée en termes de stratégie thérapeutique postopératoire et de surveillance.
« Intéresser d’éventuels investisseurs »
Deux brevets ont été déposés conjointement par l’Inserm et l’AP-HP sur ce biomarqueur ; ils permettront d’intéresser d’éventuels investisseurs des industries pharmaceutiques et des biotechnologies, tant sur le plan du développement d’un kit de détection que celui du développement des thérapies innovantes visant à diminuer l’agressivité tumorale.
« Comme pour d’autres cancers tels que le cancer du côlon, les leucémies et lymphomes, pour lesquels des marqueurs génétiques spécifiques débouchent sur des décisions thérapeutiques adaptées, les cancers du poumon commencent à être démembrés en plusieurs maladies de pronostics et de traitements différents » précise Fabien Calvo, directeur de l’Institut Cancer de l’Inserm.
Source : Inserm
« Neurotensin Receptor 1 Determines the Outcome of Non–Small Cell Lung Cancer »
Marco Alifano1, Frédérique Souazé3, Sandra Dupouy2, Sophie Camilleri-Broët4, Mohamad Younes2, Sadi-Menad Ahmed-Zaïd2, Takashi Takahashi5, Alessandra Cancellieri6, Stafania Damiani7, Maurizio Boaron7, Philippe Broët4, Lance D. Miller8, Christian Gespach2, Jean François Regnard1, and Patricia Forgez2
Clinical Cancer Research 1er septembre 2010
1. Service de chirurgie thoracique, Hôtel-Dieu
2. Inserm-UPMC U 938, Paris, France
3. EA-4273 Biometadys, Faculté de Médecine, Nantes, France
4. JE2492, Université Paris-Sud, Villejuif, France
5. Center for Neurological Diseases and Cancer, Nagoya, Japan
6. Pathology Department
7. Thoracic Surgery Department, Maggiore-Bellaria Hospital, Bologna, Italy
8. Wake Forest University School of Medicine, Medical Center, North Carolina