Une démographie médicale française toujours préoccupante
Le Conseil National de l’Ordre des Médecins a rendu public la 5ème édition de son Atlas de la démographie médicale française qui souligne l’écart croissant entre l’évolution du nombre de praticiens nouvellement inscrits (+2,5% en un an, soit 5 392 médecins) et celle des médecins sortants (+11,2% en un an, soit 4 310 médecins). Autre inquiétude, l’âge moyen dans la profession est élevé: 51,4 ans (53 ans chez les hommes, 49 ans chez les femmes), ce qui laisse présager un flux important de départs à la retraite dans les quinze prochaines années.
Fin 2010, un total de 264 466 médecins étaient inscrits au tableau de l’ordre. Cette année, alors que le désintérêt de l’ensemble de la profession pour l’exercice libéral se maintient, le CNOM a réalisé deux études qualitatives : l’une auprès des jeunes médecins ayant choisi l’exercice libéral et l’autre auprès des médecins ayant dévissé leur plaque au cours de l’année 2010.
L’Atlas 2011 confirme que l’activité libérale reste peu attractive auprès des nouvelles générations de médecins. En effet, parmi les 5 392 médecins nouvellement inscrits au tableau de l’Ordre au cours de l’année 2010, 70% privilégient l’exercice salarial tandis que seulement 9,4% ont choisi un mode d’exercice libéral. Sur cette part de jeunes médecins, 23% d’entre eux ont fait le choix de s’installer en zone rurale, tendance qui vient contrer certaines idées reçues sur les réticences des jeunes médecins à s’installer en rural. Fort de ce constat, le CNOM a mené une étude qualitative auprès des 1 211 médecins libéraux installés en 2009 et 2010 (taux de réponse de 35%) afin de comprendre les motivations et difficultés liées à leur exercice actuel.
Une véritable satisfaction des jeunes médecins exerçant en libéral
Les trois principales motivations ayant incité ces jeunes médecins à choisir ce mode d’exercice sont l’indépendance professionnelle, le contact privilégié avec la patientèle et la gestion du temps. 72,7% de ces médecins sont généralistes et 83% exercent leur spécialité en secteur libéral exclusif. Un tiers de ces médecins s’est installé dans un bassin de vie rural. Fait marquant, 86% des médecins participant à cette étude ont répondu qu’ils seraient prêts à recommander à l’un de leurs confrères d’exercer en secteur libéral, en les invitant cependant à privilégier l’installation en cabinet de groupe afin d’alléger les lourdeurs administratives et la gestion financière du cabinet. L’étude menée par le CNOM permet de mettre en lumière les attentes des nouveaux inscrits : ils souhaitent voir éviter les mesures coercitives, se diversifier les aides proposées. Ils sont favorables à une mixité des modes de rémunération et au travail en équipe. Surtout, ils considèrent qu’il est indispensable de faire connaitre ce mode d’exercice durant les études.
Evolution préoccupante du nombre de médecins qui dévissent la plaque avant l’âge de la retraite
Cette édition des Atlas révèle une nouvelle problématique : 903 médecins ont décidé de dévisser leur plaque bien avant l’âge de la retraite, alors qu’ils exerçaient leur profession en activité régulière depuis près de vingt ans, majoritairement au sein de grandes métropoles françaises. 45% d’entre eux exerçaient la médecine générale. Tâches administratives et charges financières trop lourdes, temps de travail journalier important et difficilement compatible avec une vie familiale sont autant de motifs ayant incité ces médecins à prendre cette décision. Ainsi, 90,3% d’entre eux ne souhaitent pas reprendre une activité libérale. Plus d’un sur deux s’est tourné vers une activité essentiellement salariée. Cette tendance contribue un peu plus à diminuer l’offre de soins libérale.
L’afflux de médecins étrangers dans les zones rurales françaises
Environ un quart des médecins nouvellement inscrits en 2010 ont obtenu leur diplôme hors de France et se situent majoritairement dans les régions à faible densité médicale comme la Picardie (44%), ou la Champagne Ardenne (39%). Département le plus emblématique de cette situation, l’Yonne compte uniquement parmi ses nouveaux inscrits des médecins ayant obtenu leur diplôme hors de France. L’arrivée non négligeable de médecins de nationalité étrangère en France, venus principalement d’Europe, a conduit l’Ordre à analyser pour la première fois les flux migratoires de la formation à l’inscription des médecins au tableau. Cette étude permet d’identifier les zones géographiques attractives, celles qui forment les médecins et les conservent. En moyenne, 62% des médecins diplômés d’une région y restent pour exercer leur profession. Toutefois, on peut constater que les régions à faible densité médicale rencontrent des difficultés à garder les médecins qui s’y sont formés. Par exemple, la région Bourgogne ne conserve que 47% des médecins diplômes contre 77% pour la région Franche-Comté. Enfin, les départements qui ont une faculté de médecine ont la particularité de conserver les médecins qui s’y sont formés.
A la fin de cette année, la section Santé publique et démographie médicale du CNOM réalisera une nouvelle publication des Atlas Régionaux à l’échelle des bassins de vie permettant une analyse plus fine de l’offre du soin sur le territoire.
Consulter l’Atlas de la démographie médicale
Source : CNOM