Usage des statines : un potentiel d’économies majeur selon l’Assurance maladie
Selon l’Assurance Maladie, un usage approprié des statines pourrait générer des économies pouvant atteindre 500 M€ en année pleine. Ces médicaments destinés à traiter l’excès de cholestérol dans le sang, notamment le LDL-Cholestérol, constituent l’une des principales classes thérapeutiques prescrites en France : 6,4 millions de patients suivent un traitement par statines, on enregistre plus d’1 million de nouveaux patients traités chaque année et les remboursements représentent 1,2 md € en 2012.
« Les recommandations sanitaires, françaises et internationales, reconnaissent l’efficacité clinique des statines chez le patient à risque cardio-vasculaire, et ce, quelle que soit la molécule prescrite », souligne l’Assurance maladie dans un point d’information publié mercredi. Une étude inédite menée par l’Assurance Maladie, à partir de ses bases de données et du PMSI, ne montre ainsi pas de différence significative d’efficacité sur la morbimortalité entre la rosuvastatine 5 mg et la simvastatine 20 mg. Celle-ci porte sur un effectif important : près de 165 000 patients, suivis sur une période moyenne de 3 ans et ayant débuté un traitement par statines en prévention primaire.
« Les conclusions de cette analyse apportent un éclairage complémentaire pour améliorer la prescription des statines en France », estime la CNAM. En effet, des progrès ont été réalisés depuis plusieurs années pour mieux cibler les patients traités tandis qu’un ralentissement de la croissance des volumes prescrits est enregistré depuis le milieu des années 2000 après une très forte dynamique (+15% par an environ sur la période 2000-2004). Au total, les remboursements de statines se sont stabilisés sur la décennie, grâce à l’infléchissement de la dynamique des volumes, aux baisses de prix et au développement des génériques, tout en améliorant la couverture des personnes nécessitant ce traitement.
Néanmoins, selon l’Assurance maladie, la structure de consommation des statines en France demeure en décalage avec les recommandations sanitaires et très éloignée de celle des autres pays européens : la rosuvastatine, recommandée pour le traitement des patients dont le risque cardiovasculaire est élevé et seule molécule non génériquée, totalise 30% des volumes prescrits alors qu’il existe une alternative génériquée dans les mêmes indications. En 2011, 1 traitement initié sur 3 était ainsi une prescription de rosuvastatine.
Si l’on observe 7 des principaux pays européens (Allemagne, Royaume-Uni, Pays-Bas, Italie, Finlande, Norvège, Espagne), la structure de consommation est inverse : la rosuvastatine occupe une place très minoritaire (7,8% des volumes en moyenne, seulement 3,9% au Royaume Uni et 0,5% en Allemagne), les prescriptions se concentrant sur la simvastatine (68,5% et 82,5% des volumes au Royaume-Uni et en Allemagne contre seulement 16,4% en France).
« Cette structure de consommation très défavorable, marquée principalement par un très large recours à la rosuvastatine, a un impact économique majeur pour notre système de soins : la France se situe ainsi en tête des coûts de traitements par statines, avec un coût moyen journalier deux fois plus élevé que la moyenne des pays observés », constate la CNAM.
« Ainsi, à titre d’exemple, en adoptant la structure de consommation et les coûts des traitements allemands, les économies générées pourraient atteindre 500 M€ en année pleine », estime enfin l’Assurance maladie.