Vaccin H1N1 : les Français boudent, les médecins de ville se fâchent
Le gouvernement « en fait trop » face à l’épidémie de grippe A ! Selon le Baromètre Métro-Krief Groupe réalisé en novembre par OpinionWay, 66% des personnes interrogées considèrent que le gouvernement « en fait trop » face à l’épidémie de grippe A, contre 4% qui estiment qu’il « n’en fait pas assez », et 30% qu’il « fait ce qu’il faut ». Fort de ces chiffres pour le moins décevants, les médecins de ville, exclus du dispositif de vaccination, réclament à présent le droit de faire des injections dans leurs cabinets.
Flop ! Deux sondages confirment les craintes des autorités sanitaires sur un éventuel échec de la campagne de vaccination qui a commencé très mollement la semaine dernière. Mauvais augure ? Sans doute. Une minorité de Français (20%) déclare avoir l’intention de se faire vacciner contre la grippe H1N1, selon un autre sondage Ifop. Seules 7% des personnes interrogées affirment « certainement » en avoir l’intention, 13% « probablement ». Mais 79% répondent carrément non. Inquiets, les Français ? Pas vraiment : plus des trois quarts se disent d’ailleurs « peu inquiets pour eux-mêmes ou leur famille »*.
Exclus jusqu’à présent du dispositif, -sans doute pour épargner à la Sécu d’avoir à rembourser des consultations supplémentaires- les médecins de ville montent au créneau pour être autorisés à vacciner dans leurs cabinets. «Prétendre vacciner à large échelle en court-circuitant ceux qui connaissent le mieux les Français, les généralistes et les pédiatres, c’est prendre tous les risques d’un échec», tempête le Dr Michel Chassang, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), le principal syndicat de médecins libéraux. Il n’a pas tort, le Dr Chassang: en évinçant les praticiens de ville -qui sont les premiers acteurs du système de soins de proximité-, le gouvernement s’est-il tiré une balle dans le pied? Sans doute.
Remarquons en passant, qu’il aura réussi à reconstituer l’unité syndicale chez les médecins, ce qui relève du tour de force. Le premier syndicat de médecins généralistes, vient d’ailleurs de lancer un appel conjointement avec des syndicats hospitaliers et des professeurs de médecine. «Nous souhaitons que les médecins généralistes qui le souhaitent puissent être rapidement habilités à participer à leur cabinet à la campagne de vaccination pour leur patientèle (…). Cette implication est nécessaire pour obtenir une adhésion de la population», écrivent les signataires de cet appel. Ont-ils raison? Evidemment! Certes, on leur a opposé l’insuffisance des conditions sanitaires de conservation et de dispensation des vaccins pour justifier leur exclusion du dispositif. Objections qu’ils rejettent pour professer une évidence: qui, mieux qu’un médecin de ville, connaît mieux ses patients, notamment à risque, et qui mieux qu’un praticien, peut ou non recommander la vaccination?
Hervé Karleskind © www.hkconseils.com