Vaccins contre la Covid-19 : un défi logistique
Avec la prochaine mise sur le marché français des vaccins contre la Covid-19, les autorités se retrouvent face au défi logistique du froid. En effet, les campagnes de vaccinations massives qui vont débuter nécessitent d’associer différentes chaines du froid lors de la distribution. Les professionnels de la chaine du froid et leurs prestataires se mobilisent.
« Les vaccins sont des produits biologiques fragiles », rappellent notamment l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « Les vaccins perdent une part de leur activité ou efficacité, c’est-à-dire leur aptitude à protéger comme il se doit le sujet vacciné, lorsqu’ils sont exposés à des températures inappropriées. Cette baisse d’efficacité des vaccins est irréversible » prévient l’organisation. L’enjeu du transports des vaccins est donc de taille.
A la différence d’autres vaccins, les premiers vaccins contre la Covid-19 affichent des températures de conservation et d’utilisation très basses : inférieures à -70°C pour les vaccins de l’américain Pfizer (puis +2 °C/+8 °C pendant 5 jours maximum avant la vaccination) et inférieures à -20 °C pour ceux de son concurrent Moderna. Les vaccins qui arriveront ensuite sur le marché, comme ceux des laboratoires Sanofi et GSK nécessitent, quant à eux, des températures plus classiques (+2 °C/+8 °C).
Des vaccins différents nécessitant une logistique à chaque fois adaptée
Les premiers vaccins à être livrés dans l’Hexagone seront ceux de Pfizer-BioNTech. Comme ils nécessitent une conservation à – 70 °C, le défi des autorités et des transporteurs sera d’être en mesure de respecter la chaîne du froid depuis le lieu de fabrication de ces vaccins en Belgique jusqu’aux différents lieux de vaccination en France. Ainsi, pour organiser la distribution du vaccin du laboratoire américain, la France a passé commande d’une cinquantaine d’appareils en mesure de conserver les fioles jusqu’à -86°C. De cette façon, lors de la 1ère phase de la vaccination, 2 millions de doses devraient être livrées aux Ehpad et aux personnels soignants.
Parallèlement, la Direction générale de la Santé (DGS) et Santé Publique France discutent avec les différents maillons de la chaîne logistique afin d’organiser la distribution des autres types de vaccins. Qu’ils s’agissent des constructeurs de chambres froides et d’armoires frigorifiques, des fabricants d’emballages, ou encore des carrossiers isothermes, les professionnels de la chaine du froid et leurs prestataires se mobilisent. Comme, par exemple, les producteurs de neige carbonique. Cette dernière, également appelée glace sèche, est notamment employée tout au long de l’année pour conserver certains produits pharmaceutiques (médicaments ou vaccins) ou encore lors du transport d’organes, qui nécessitent également une conservation à une température extrêmement basse. Depuis plusieurs mois, ces producteurs se préparent à couvrir ainsi les éventuels besoins en glace sèche des hôpitaux, des différents lieux de vaccination, des pharmacies voulant acheter glace carbonique avec l’objectif de stocker le plus longtemps possible ces vaccins sans pour autant être équipés de « super-congélateurs ».
En attendant, pour la première phase de la campagne de vaccination, les acteurs de la chaîne se préparent à transporter les vaccins jusque dans les principaux hôpitaux puis à les redistribuer vers les Ehpad dans des véhicules de plus petite taille. Un système qui devrait permettre de débuter la 1ère phase de vaccination chez les seniors, comme le recommandent les autorités de santé. Dans le cadre d’une vaccination à plus grande échelle, les professionnels de la chaîne logistique se veulent rassurants, rappelant qu’avec un camion frigorifique pour 450 habitants, la France est 26 fois mieux équipée que la Chine par exemple.