Vers un nouveau traitement pour l’asthme ?
L’asthme et ses symptômes sont liés à une réaction excessive du système immunitaire, habituellement en charge de la défense de l’organisme. L’équipe de l’unité Inserm/UPS 563 « Centre de physiopathologie Toulouse Purpan », vient, en comprenant mieux la raison de ce dérèglement, de cerner un mécanisme pouvant faire l’objet d’une application thérapeutique. Ces travaux sont publiés en ligne dans le American Jounal of Respiratory and Critical care Medicine.
Les allergies, qu’elles soient cutanées, alimentaires ou respiratoires sont provoquées par une réponse excessive, un véritable « emballement »du système immunitaire. Les lymphocytes T sont les acteurs clefs et les véritables chefs d’orchestre de cette réaction, ici exagérée. Le calcium, élément essentiel à l’activation de ces cellules est capté par l’intermédiaire de « canaux calciques », implantés dans la paroi des lymphocytes. En conséquence, trouver des inhibiteurs de ces canaux calciques, permettrait, en les régulant, de contrôler l’ensemble de la réaction immunitaire dans des maladies où ils sont anormalement suractivées (maladies auto-immunes comme la sclérose en plaques, allergies…).
Dans le cas de l’asthme, c’est une certaine catégorie de lymphocytes T, les « Th2 », normalement chargés de coordonner la réponse contre les parasites, qui est impliquée. L’équipe de Lucette Pelletier et Jean-Charles Guéry a identifié un type de canaux calciques présent seulement dans ces Th2 et dont l’activation est nécessaire aux fonctions de ces derniers. Les scientifiques se sont alors attachés à trouver une solution permettant de neutraliser de manière sélective ces canaux, afin de pouvoir traiter spécifiquement des maladies allergiques sans modifier le fonctionnement de l’ensemble du système immunitaire. Dans cette optique, ils ont introduit in vitro, dans des Th2, un brin d’ADN s’hybridant spécifiquement à l’ARNm (molécule intermédiaire entre l’ADN et les protéines) codant pour ces canaux calciques. Cette séquence d’ADN courte, appelée « anti-sens » s’est avérée capable de diminuer de façon importante la quantité de canaux présentsdans les Th2, entraînant alors l’incapacité de ces cellules à s’activer. De façon remarquable, le même ADN anti-sens administré in vivo par voie intranasale s’avère également très efficace chez la souris asthmatique.
Pour les chercheurs, la prochaine étape consiste à appliquer cette thérapie chez l’homme. Pour cela, ils devront dans un premier temps montrer que les Th2 humains expriment ces canaux calciques particuliers. Par la suite, ils adapteront la stratégie utilisée chez la souris pour déterminer des séquences anti-sens capables d’inhiber la fonction des lymphocytes Th2 humains. Cette application thérapeutique pourrait finalement être envisagée non seulement dans l’asthme mais encore dans d’autres pathologies de type allergique.
Knocking-down Cav1 Calcium Channels Implicated in Th2-cell Activation Prevents Experimental Asthma
Accès à l’article original dans American Journal of Respiratory and Critical Care Medecine – 18 février 2010
Source : Inserm